Le temps était gris et sinistre. Une averse menaçait à tout moment de s’abattre sur Lenny. Des bourrasques froides lui frigorifiaient les oreilles et ébouriffaient ses cheveux.
Il rabattit sa capuche sur son front, tira sur les galons et fit un nœud sous son menton.
Le chemin qu’il suivait longeait une rue partiellement jonchée de décombres. Au dessus de la rue, des câbles tendues par trois servaient de passerelles pour accéder d’un toit à un autre. Se doutant de la présence d’autres survivants (ou pire) dans les ruines de Paris, Lenny mettait en pratique tout ce qu’il avait appris à force d’écouter les Régulateurs parler au bar à sandouiches, après chacune de leurs expéditions.
Plutôt que d’offrir une cible facile et à découvert dans le paysage urbain, en empruntant la rue comme un radpigeon, il progressait discrètement en passant par les bâtiments attenants, quand c’était possible. Il avançait plus lentement, et devait parfois sortir par une fenêtre ou faire demi-tour pour emprunter un autre passage lorsqu’ul rencontrait un cul de sac, mais dans l’ensemble, les bâtiments étaient suffisamment en ruine, troués comme de simple meules de gruyère, pour permettre de progresser de cette façon.

Voyageant sans armes ni sac à dos, Lenny se trouvait avantagé dans ses déplacements.

Il ne savait pas encore où il allait. Il avait fugué, quitté son foyer, où il ne sentait plus le bienvenu. Tante Rosie l’avait encore disputé, et après une semaine difficile (ou était-ce un mois ? Une année ? Une vie ?), sa décision avait été prise.
En cherchant comment progresser dans les décombres, il se sentait vivant, et cela lui permettait de ne pas se poser trop de questions sur son avenir immédiat. Où allait-il ? Qu’allait-il faire ? Tout cela attendrait. Pour l’instant, il avançait.

Richter n’aime pas quitter Horizon, mais nécessité fait loi et s’il veut recueillir de l’information, il doit faire son petit tour du proprio. Autrement dit, se balader dans la capitale, écouter les gens, discuter avec les autres et à l’occasion, pactiser avec les ribbleurs. Alors, en attendant que le reste de la Horde ne débarque pour faire régner l’ordre, il faut zoner.
Évoluer dans les ruelles et les appartements de la capitale est relativement lent et pénible, mais à force toujours faire le même circuit et plus généralement, d’avoir pris cette habitude qui est d’évoluer par les chemins secondaires, fusil sous le bras, il a choppé le truc pour se déplacer en vitesse, sans faire (trop) de bruit.
Il n’empêche que les surprises sont possibles et en arrivant à un coin du bâtiment, c’est avec un sursaut qu’il découvre un jeune qui se balade sans armes ni matériel dans ce coin des ruines.

« Tu m’as fait peur. » Débute Richter en ayant un soupir, il s’est laissé surprendre par un môme, tu parles d’un espion de la Horde. « Qu’est-ce que tu fais dans ce coin de la capitale, même pas armé qui plus est ? »

Il abaisse son fusil à pompe en gardant une distance respectable du jeune étranger, cran de sécurité qui a sauté, mais canon vers le sol.

« Qui es-tu en fait ? »

Lenny frôla la crise cardiaque et la fuite urinaire quand il tomba nez à nez avec un pamplemousse à lunettes rondes armé d'un fusil à pompe.
Heureusement, son cœur était encore jeune et robuste, et il ne fit que sauter un battement avant de repartir comme une pile à fission dans une tondeuse à gazon : sa cage thoracique était sur le point d'exploser.
Il s'accroupit en posant la main contre le mur, haletant, en essayant de retrouver sa respiration et un rythme cardiaque normal, les yeux écarquillés. La voix de l'inconnu lui paraît lointaine, comme détachée de la réalité. Son fusil est maintenant baissé, mais il a toujours l'air méfiant.
" Attendez... Je reprends... mon souffle... Pause ! " dit-il en levant le pouce.

Il en profite pour mieux observer l'individu qui l'a surpris et qui continue de le garder à l’œil. Il fait la taille d'un frigo, et semble à peine dérangé par la rencontre. L'assurance et le calme qu'il dégage permet à Lenny de retrouver lui-même son calme un peu plus vite.

" Vous m'avez fichu une de ces trouilles ! ... Vous pourriez vous annoncer ! Je... je ne fais rien de particulier ici. Je cherche à rejoindre la Citadelle, mais c'est loin, et ça grouille de dangers ici. Des chiens errants, des insectes mutants... Et j'ai entendu plusieurs coups de feu depuis que je suis parti ce matin, alors j'essaie de ne pas me prendre une balle perdue. "

Petite hésitation. Il dévisage son interlocuteur. Difficile de deviner ces intentions, mais il a un flingue, et Lenny n'en a pas.

" Moi c'est Lenny. Et vous m'ssieur ? C'est comment votre nom ? Et qu'est-ce que vous chercher dans le coin, à part me foutre la pétoche de ma vie ?"

« Je n’ai pas l’habitude de m’annoncer, » répond Richter toujours avec ce calme olympien. « En particulier dans les ruines, où je n’annoncerai ma présence qu’aux fantômes et aux esprits frappeurs du coin. Ceux-là n’ont pas besoin de connaître mon nom. Les coups de feux résonnent d’assez loin, qu’importe d’où la raison de ces tirs, ils ne devraient pas nous poser de problèmes. »

Le môme a l’air effrayé et paumé. En fait, comme à peu près n’importe quel adolescent de son âge. Hésitant aussi.
Richter ne répond pas immédiatement lorsque l’autre se présente, Lenny qu’il s’appelle. L’espion de la horde prend son temps pour formuler une réponse, le temps de jauger le môme et de trouver les bons mots.

« Richter, je suis de passage comme toi. Je me dirige vers la Citadelle, je dois y rejoindre des amis et une fois n’est pas coutume, acheter des pièces de rechange pour mon fusil à pompe. J’avoue être surpris de ta présence ici, ce n’est pas une grande artère de circulation, ni même un coin à ribleur, tu t’es perdu sur le chemin de la Septième ? »

En fait, Lenny a cette gueule à finir chez un esclavagiste, puis deux jours plus tard à bosser dans les champs. C’est tout ce que lui évoque cet air d’ange. Il ignore s’il est vulnérable ou s’il cache très bien son jeu. Probablement la première option, alors, l’espion reprend la parole d’un air vaguement bienveillant, ou du moins, autant que son visage inexpressif ne peut le retranscrire.

« Tout va bien ? Tu as l’air… Hors de ton élément. »

En fait Lenny n'avait pas vraiment d'idées précises de la localisation de la septième, ni des distances qui le séparait de l'endroit, ni des dangers sur la route, et il était partit sans guide et sans carte, comme n'importe quel petit fugueur à côté de ses pompes. Il aurait juste mérité une bonne paire de claques en revers, avec son insouciance et sa témérité. C'eut été un juste châtiment.
Son avenir pourrait tout aussi bien être celui d'un hors-d’œuvre pour Super-Mutants. Mais ça il n'en avait même pas conscience. Surprotégé durant son enfance, il pense toujours que les trois quarts des histoires qu'il a entendu de la part des Régulateurs sont des mensonges inventés de toute pièce pour faire craquer les filles au bar.

" Je sais que c'est dans le Paris périphérique ? Je ne dois pas être très loin, je serai surement arrivé ce soir, j'ai déjà parcouru au moins trois blocs depuis que je suis parti. Mais j'avoue ne pas être trop sur de moi... C'est vrai que je ne suis pas dans mon élément. C'est ma première fois en dehors de l'enceinte de la communauté où j'ai grandi, et c'est très différent de ce à quoi je m'attendais..."

Il se redresse en faisant des gestes calmes, toujours sous la menace du fusil.

" Mais j'y pense ? On pourrait peut-être voyager ensemble, non ? Puisqu'on va au même endroit ! Vous voulez bien ? Je suis sur que je peux me montrer utile ! "

Encore faudrait-il savoir en quoi...

Richter ne percute pas.
Il essaie de retourner Lenny dans sa tête, sous tous les angles possibles et imaginables : appât pour des pillards, contre-espion de la Septième, psychopathe en vadrouille, mais au bout du compte, pourquoi imputer à la malveillance qu’on peut imputer à la débilité ? Lenny a simplement l’air de ce qu’il est, un ado à côté de ses pompes, qui a trop confiance en le monde et qui n’a pensé à rien. Il vit dans le moment sans penser au futur.
Richter lève un doigt plein de formalisme, puis se rétracte au dernier moment, préférant un simple dialogue à une leçon grandiloquente qu’il a dû entendre plus d’une fois. Les jeunes sont doués pour recevoir des sermons, un peu moins pour les comprendre, la faute aussi à des parents qui oublient qu’un jour, eux aussi étaient largués.

« C’est dans le coin en effet, même si la périphérie de Paris est un terme très vague. Oui, nous pouvons y aller. »

Puis, c’est peut-être l’habitude de surveiller ses hommes, quand il était encore un membre ouvertement déclaré de la Horde, ou un instinct paternel refoulé qui le prend aux tripes, mais il ne peut s’empêcher de poser la question qui lui taraude l’esprit.

« Que fais-tu ici en fait ? N’as-tu pas des parents ou un tuteur ? Cela m’étonne de croiser un adolescent au milieu de nulle part, qui plus est sans arme, ni sac à dos, ni carte. C’est un petit miracle que personne ne t’aie attaqué ou pire. » Richter met son fusil à pompe en bandoulière. « Suis-moi, j’ai l’habitude des lieux. Il n’y a pas grand-chose qui se passe ici d’ordinaire, alors nous devrions être au calme pour discuter tant que nous restons dans les ruelles. »

Et il se met en route.

« Qu’est-ce qui t’amène à la Citadelle ? »

Ils reprennent la route. Lenny regarde ses chaussures d’un air un peu penaud, en de disant qu’il était vraiment pas malin d’être parti sans cartes ni sac à dos. Il pensait trouver tout ce qu’il lui faudrait en un instant, dehors. Ceux qui menaient des expéditions à l’extérieur revenaient toujours avec pleins de bric-à-brac de toute sorte. Souvent, ils se plaignaient même de ne pas avoir pu tout ramener, et planifiaient alors une sortie dès le lendemain pour retourner chercher ce qu’ils n’avaient pas pris. Et Lenny s’était donc imaginé que dehors, il trouverait tout ce qu’il a besoin en un rien de temps, puisque la Capitale regorgeait de richesses et étaient majoritairement inhabitée.

La réalité, c’est qu’il n’avait trouvé que des meubles en piteux états, des étagères vides, des boîtes de conserves trouées, des pièces de monnaie qui n’ont plus cours, des déchets en plastique, des voitures calcinées ou désossées, des couvertures moisies et piquées, des vélos sans roues, de la poussière et de la mousse fluorescente.

» Je comptais sur ma bonne étoile pour trouver des choses intéressantes pendant mon aventure en fait… Eh ! C’est peut-être vous mon ange gardien ! Après tout, c’est une vraie chance de vous avoir rencontré ici. «

«  En fait… C’est un peu personnel comme question. Je veux juste aller à la Citadelle pour changer de vie. Il est temps pour moi de prendre mon envol et découvrir le monde véritable. Mais c’est vrai que l’aventure était plutôt bof, pour l’instant. »

Il marque une pause. Les deux compagnons mal assortis continuent de progresser entre les déchets, les poubelles, la rouille et les gravats. Un escalier de service mène à un toit d’immeuble, dans la ruelle, et une intersection propose de continuer à droite, en face ou à gauche. Quelque chose gratte dans les poubelles à gauche, et une voiture retournée forme une barricade sommaire dans la rue de droite. Un graffiti rouge sur la carcasse avertit les passants :
NE PAS  COURIR / !\ MINES / !\
PASSER TOUT DROIT VEILLEUR


Lenny reprend la conversation sans donner la moindre indication à son partenaire sur ce qu’il a perçu, vu et lu. Inutile de souligner l’évidence, pas vrai ?

» Et vous M’ssieur Richter ? Vous allez à la Citadelle pour quoi ? «

« Je ne suis pas ton ange gardien. Je suis un simple gardien de pigeonnier et un colombophile à ses heures perdues. » Déclare stoïquement Richter, ce gosse a l’air perdu, mais il a l’air d’avoir bon fond. Bah, de toute manière, un peu de compagnie jusqu’à la citadelle ne lui fera pas de mal. Ensuite, la septième trouvera bien le moyen de faire quelque chose de lui, un petit passage dans la légion, à moins que la horde ne convienne peut-être plus à un jeune homme paumé comme lui ? « Dans tous les cas, tu trouveras sans doute ce que tu cherches auprès de la septième, sinon, il y a probablement du boulot pour un jeune comme toi à Horizon, si tu as le dos solide évidemment. »

Richter porte un regard vers la panneau, puis se fend d’une remarque qui empeste l’évidence, mais le sens commun ne l’étant plus vraiment, il préfère être sûr de son coup plutôt que d’avoir à porter un cul-de-jatte jusqu’à la Citadelle.

« Marche tranquillement, regarde là où tu mets les pieds et garde les pattes sur le béton, il ne t’arrivera rien ainsi. Oh et, si tu vois un fil tendu comme une corde de violon, n’y touche pas. » Maintenant, pour répondre à la question de Lenny. « Je vais à la Citadelle pour rendre visite à des amis. Je m’y rends régulièrement pour garder le contact, notamment avec le pigeonnier local : il est parfois préférable de se rendre en personne sur les lieux, que de déléguer la tâche à un volatil. »

D’autres coup de feu au loin, mais rien qui n’inquiète Richter qui continue de marcher, imperturbable. Le champ de mine est encore tout à fait stable.

« Tant qu’on y est, tu ne veux pas fouiller un peu ? Certains coins n’ont pas été pillé, ce n’est pas vraiment un itinéraire très fréquenté et sans matériel, tu n’iras pas bien loin. »

Il y a de nombreux bâtiments qui attendent le passage d'un récupérateur plus avisé que les autres, surtout dans un coin comme celui-là.

Ils progressent tout droit, en marchant en faisant preuve de précaution. La zone est assez découverte, ici, et les mines ou les pièges, s'il y en a, ne peuvent vraisemblablement pas être posées sous le bitume et le béton de la route d'avant-guerre.

Lenny se montre intéressé par le métier hors du commun de Richter. Colombophile ? Comme ça doit être fascinant ! Lui aussi, il aimerait bien apprendre à devenir colombophile.

En attendant, il fait attention aux fils pour ne pas se faire péter le colon par une mine. Un faux pas est si vite arrivé.

Fouiller semble être une bonne idée, mais Lenny ne sait pas exactement quoi chercher.
[color=98FF98]" Qu'est-ce qu'il faudrait chercher, par exemple, M'ssieur ? " [color]
En passant près d'une voiture sans portières, sans pile à fission et sans roues, parquée négligemment dans un lampadaire vouté, il fouille la boîte à gant centrale. Bien que verrouillée, la serrure oxydée cède immédiatement, et le coffre révèle son précieux contenu.

[Jet de dés 1D6 : contenu randomisé
1 - Une boîte d'épingles à cheveux.
2 - Du pâté (d'avant-guerre)
3 - Un Colt N99(10mm, 12 coups) chargé
4 - Une pile de documents Vault-Tec (estampillé Confidentiels)
5 - 8 holobandes musicales
6 - Un porte-clef avec un nounours en plastique (trois clefs)]

Nombre aléatoire (1,6) :

2

[color:67b6=98FF98]" C'est bien, ça, par exemple ? " dit-il en montrant sa trouvaille à Richter.

Mais avant d'avoir entendu la réponse, une balle vient se planter dans le pare-brise ! Le sifflement du projectile bourdonne encore dans l'oreille droite de Lenny, qui se jette à terre derrière la voiture, en serrant contre lui son premier butin. Le bruit de la détonation lointaine résonne encore dans les ruelles, bien proche et inquiétante celle-ci !

Il semblerait qu'ils aient mal compris les instructions en prenant cette voie. Il fallait lire l'écriteau différemment : Ne pas passer. Courir tout droit. /!\ MINES /!\ VEILLEUR

Comprendre : Ne pas passer. Si vous devez absolument passer, faîtes le en courant tout droit pour éviter les mines sur les côtés, et pour faire une cible moins facile à toucher à cause du sniper embusqué.

Et ce sniper embusqué dont la cachette n'est pas encore identifiée par les deux compères, tire une seconde fois, cette fois en visant Richter le colombophile !

[HRP : j'ai foiré mon code couleur. Je n'édite pas. J'ai trouvé du pâté.]