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MessageSujet: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMer 8 Nov 2023 - 22:07
Prologue

Tôt dans la matinée Martin avait été convoqué par le commandant Roanne, un subalterne sous les ordres directes du Major-Général Madoff. Depuis son retour de Bastion, c'était la première fois qu'il était ainsi convoqué par un supérieur. Allait on enfin lui accorder sa chance ?
Il entra dans le petit bureau du commandant en répétant machinalement les gestes protocolaires jusqu'à ce qu'on lui dise "rompez".
- Connaissez-vous St-Jean-du-Reg lieutenant ? Commença par dire Roanne en faisant glisser un journal sur son bureau, un exemplaire de l'Oppidum Gaulois avec en gros titre : « St-Jean-du-Reg, la colonie abandonnée ». Inutile de lire ce torchon, c'est un amas de conneries. Malheureusement, il y en a un à la Citadelle qui ne s'est pas épargné cette peine et qui a peu apprécié qu'on y égratigne son nom, surtout à un an des élections.
Ces cul-terreux ne sont pas foutus de se défendre eux même contre quelques ribleurs. Vous nous avez montré que vous saviez les gérer ces fermiers, on vous envoie voir ce qui se passe là bas. Le Reg va vous changer de Bastion, vous allez voir, il y a beaucoup moins d'arbres là bas...

Martin avait bien comprit que c'était là un sale boulot qu'on refilait à un lieutenant sans importance. La protection des paysans n'était pas la priorité de la Légion, déjà bien occupée à affronter les bandes de ribleurs et autres monstruosités mutantes, mais il s'agissait d'un ordre directe de la présidence : en répondant à l'appel des colons de St-Jean-du-Reg, le président Hénin espérait bien grappiller quelques voix en se faisant passer pour un protecteur prompt à répondre à l'appel de détresse des colonies de la république. Pourtant, c'était aussi une belle opportunité pour Martin. Si on l'avait convoqué lui et pas un autre, c'était pour voir s'il pouvait faire honneur à son illustre père. Cette mission était comme un test. Après Bastion on voulait savoir s'il était apte à mener sa propre section, avec peut être un grade de capitaine à la clef ? De plus, en cas de réussite il pouvait espérer les félicitations du président en personne.

On lui expliqua rapidement la situation : depuis quelques mois les colons de St-Jean-du-Reg étaient harcelés par une petite bande de ribleurs qui leur ponctionnait un tribut. Malgré des appels à l'aide répétés, il avait fallut cet article de Jacques Eloin pour émouvoir la Citadelle et forcer l'exécutif à agir.
Martin avait l'autorisation de former lui même son groupe de combat en sélectionnant 7 membres parmi sa compagnie. Les ressources qui lui étaient accordées étaient restreintes, pas de véhicule ni de renfort, tout juste lui avait on dit qu'en cas de problème il pouvait contacter le capitaine de la garnison d'Horizon, tout en lui faisant comprendre qu'il fallait mieux éviter.  
Dès le lendemain, ils avaient quitté Fort Dole pour parcourir les 60km qui les séparaient de St-Jean-du-Reg, ce qui ne représentait pas une grande difficulté pour des légionnaires bien entraînés.
Après avoir bivouaqué dans les ruines, ils avaient atteint la colonie.

Qui vole un œuf, vole une brahmine

C'était donc ça la colonie la plus prospère de la Septième ? Des champs maigres entourant des constructions de bois et de tôles habitées par une vingtaine de fermiers faméliques, une vieille brahmine et quelques coquetards et des radcochons ?
On pouvait dire que les propagandistes de la république faisaient bien leur travail car à les entendre St-Jean-du-Reg était presque une ville. La réalité était tout autre, le village était pauvre, boueux, sale et triste ; ses résidents dormaient sur des matelas poisseux posés à même le sol, buvaient une eau irradiée et mangeaient ce que les percepteurs de la Septième leur laissaient. Une éolienne, que seul dépassait le clocher de la chapelle dédiée à l'apôtre Jean, alimentait quelques ampoules crasseuses. L'unique bâtiment en béton, une ruine d'avant guerre, servait de remise où étaient stockées les choses de valeurs, principalement les outils pour le travail de la terre, ainsi que les restes d'un vieux Mister Handy hors d'usage que les fermiers espéraient remettre en état.
A l'approche de l'escouade de légionnaires, les habitants cessèrent leurs activités. L'un d'eux, vêtu d'une tunique en peau de brahmine, l'air visiblement méfiant, avança vers Martin.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyJeu 9 Nov 2023 - 20:32
Martin venait tout juste de rentrer de Bastion, il avait eu à peine le temps de faire son rapport officiel et de voir sa mère qu’on le convoquait déjà pour une nouvelle mission. On lui avait à peine donné le droit à un repas chaud après les 2 jours de voyage depuis la Loire. Il était reparti avec la garnison qu’il commandait à Loire-Valley, les troupes étaient en repos et, il espérait, avaient eu plus de temps pour se reposer.

Saint Jean du Reg, localité inconnue, priorité zéro enfin plus depuis quelques jours. Le lieutenant se demandait pourquoi Horizon n’envoyait pas une escouade, la garnison locale était assez importante pour se séparer de quelques hommes le temps de régler le problème. Mais Saint Jean du Reg semblait être assez loin des routes commerciales d’après la carte et les quelques renseignements qu’il avait pu grappiller avant de rassembler son escouade et de partir directement.

Roanne lui avait demandé de prendre quelques soldats de la compagnie qu’il commandait à Bastion. Et à Bastion on lui avait demandé d’être garde-chiourme mais l’ennemi était à l’intérieur, pas à l’extérieur. Le sergent Burone l’attendait dans la cour principale avec les 6 autres soldats qui s’étaient vu faire porter volontaire par le lieutenant pour la mission à Saint-Jean. Burone était un vieux de la vieille qui avait eu ses chevrons au feu. Il avait été le sous-officier principal de Martin dès sa prise de commandement de la 5ème escouade de combat d’assaut.

Garde à vous !, gueula le vieux sergent dès que le lieutenant Leclerc vu dans un périmètre acceptable. Les 6 soldats s’alignèrent rapidement, bien entraînés. Le sergent Burone salua Martin, qui lui rendit son salut. Les autres soldats l’imitèrent. Le radio Colin, pas bien gaillard, mais il connaissait son travail, il avait été le radio de Martin depuis maintenant 6 mois quand le précédent avait été blessé lors d’une mission de pacification. La paire Dufau/Dumas, ou les deux D, certains disaient pour débiles mais c’était de bons soldats et Martin ne les auraient pas choisis si ce n’étaient pas les deux gars les plus capables de la compagnie lors d’un échange de feux. Jessica Bertin, éclaireuse, équipée d’un fusil de précision. Elle n’était peut être pas l’atout charme de l’escouade mais elle avait été d’un grand secours à Bastion. Julie Grandieux, l'infirmière de combat de l’unité, l’ange gardien de Loire-Valley lors du nettoyage de la ville. Et enfin un jeune soldat, inconnu au bataillon au sens littéral, qui portait des guêtres fraîches.

Repos, préparez votre barda on part dans 5 minutes.
- Vous avez entendu le lieutenant ? On se bouge, vous êtes déjà en retard !
- Sergent ?
- Oui monsieur ?
- Qui est ce soldat ? Il ne me semble pas l’avoir choisi pourtant.
- En effet monsieur, c’est juste que le caporal Roche s’est retrouvé pâle au dernier moment et tout les autres soldats se sont rapidement carapatés depuis qu’on est rentré donc j’ai pris le premier qui m’est tombé sous la main. Soldat de première classe Franck Dewiit, il vient juste de finir ses classes et on nous l’a attribué. Le sergent Guillaume l’a choisi lui-même au dépôt.
- J’espère qu'il n'a pas voulu s’en débarrasser trop rapidement. Enfin, tant qu’il sait tirer.
- Je le surveillerais moi-même lieutenant.
- Merci sergent. Laissez-moi finir les derniers détails et on y va, j’espère bien arriver avant demain midi.
- Bien mon lieutenant.


Burone claqua des pieds, salua et partit engueuler les deux D qui commençaient à se chamailler avec une patrouille de retour. Martin s’alluma une cigarette avant de lire les derniers détails de la mission et de donner son ordre de départ à l’officier de la garde à la porte. Il n’apprit rien de plus. On salua le départ de l’escouade et ils marchèrent 7h avant de bivouaquer dans des ruines, à mi-chemin de St-Jean-du-Reg.

Ils étaient normalement en territoire de la Septième, mais les précautions habituelles furent prises. 2 personnes de garde, rotations toutes les 3h. Martin voulait dormir donc il prit la première garde avec Grandieux. Le repas, des rations tout à fait classiques, fut pris en silence. Personne avait l’esprit à la fête, cette mission était sois une mise au placard soit une mission suicide. Tout le monde le savait ou s’en doutait, même ces deux braillards qu’étaient les deux D ne poussèrent pas la chansonnette comme à leur habitude. Martin grilla une cigarette avant de prendre une lampée de cet alcool acre qu’on produisait dans les caves des villages autour de Loire-Valley.  

Alcool ? demanda Martin
- Non merci Lieutenant. Pas en service.

Martin reprit une gorgée. Il ne savait pas si les villageois de Saint-Jean produisait leur propre alcool ou s’ils avaient des réserves disponibles, il n’avait donc quasiment pas bu de la journée et le manque se faisait ressentir. L’armée fournissait bien cigarette et vins au troupe en campagne ou en garnison mais Martin n’avait pas vraiment eu le temps de se fournir à l’intendance. Il avait récupéré des cigarettes auprès d’un camarade de promotion en garnison à Fort Dole, mais pas d’alcool. Survivre sur sa dernière flasque d’alcool de contrebande ne lui plaisait pas.
Ça va vous tuer lieutenant.
- Toujours mieux ça que les balles d’un ribleur.

Julie ne ria pas. Ce furent les derniers mots qu’ils s’échangèrent, l’infirmière préférant aller se terrer dans un coin isolé qui donnait une belle vue sur l’approche sud des ruines. Martin alla de l’autre côté. Il terminait sa cinquième cigarette quand Dufau vint le relever. Fin de paquet, il donna la dernière cigarette au soldat et partit se coucher.

Le lendemain ne fut pas plus gai. Le réveil fut rapide, le départ tout autant, une barre énergétique en guise de petit déjeuner. Les deux D donnèrent la cadence en chantant, rapidement suivi par le reste de l’escouade mais Martin n’avait pas la tête à ça. L’anxiété commençait à monter alors qu'ils approchaient de Saint Jean du Reg. Il avait vu seulement un nom sur une carte, même pas topologique. Il ne savait pas combien d’habitants il y avait, ni la disposition des lieux, ni encore moins à combien d’ennemis ni à qui ils auraient à faire.

Aux abords du village, il envoya Jessica faire la cartographie du lieu, accompagnée des deux D en couverture. Martin entra donc dans le village avec ses 4 autres soldats, plus surpris par l’aspect du lieu qu’inquiet que le village sois occupé par l’ennemi et de tomber dans une embuscade. De toute façon ce n’était pas la façon de faire des bandes de ribleurs locales d’après les renseignements que le lieutenant avait pu glaner.

Un homme vêtu d'une tunique en peau de brahmine, l'air visiblement méfiant, avança vers Martin. Ce dernier le salua de son plus beau salut militaire. Ils n’étaient pas en grand uniforme mais tout de même plus présentable que tous les villageois présents.

Enchanté, lieutenant Martin Leclerc. 1er Bataillon de la Légion. On nous a demandé d’envoyer une patrouille ici pour sécuriser votre village au nom de la Septième République.

Burone et les autres soldats saluèrent à leur tour.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyDim 12 Nov 2023 - 19:55
Lenny était arrivé à Saint-Jean-du-Reg depuis une petite heure seulement. Son périple avait été compliqué, mais nous passerons les détails. Il avait suivi une piste plutôt froide qui l'avait menée jusque dans ce lieu de misère.

En arrivant dans le village, il constata un endroit frappé par la décrépitude. Sa première mission fut de se trouver un repas chaud, mais la tâche s'avéra plus ardue que ce qu'il aurait imaginé. En effet, le village était en proie à la disette à cause d'une bande de pillards qui exerçaient sur ses habitants un racket régulier. Trouver des gens prêts à céder leur nourriture était compliqué. Il parvint néanmoins à trouver un homme, disposé à lui vendre une cuisse malingre de volaille rôtie, piteux restes froids du repas de la veille. Lenny avait été contraint par la faim et la situation locale d'acheter ce maigre repas bien plus cher que ce qu'il aurait coûté à la Citadelle, qu'il avait quitté quelques jours plus tôt. En mangeant, il pensait aux renseignements qu'il avait obtenus : Noire Velourado l'avait chargé de retrouver Magda Laine, qui d'après des récupérateurs, des informateurs et des gens de passage, avait été vue pour la dernière fois dans ce village. Ce qu'elle y faisait, ça, c'était un mystère. Mais il s'y était trouvée, avec sa brahmine de voyage, et son stock de marchandises. Noire Velourado voulait faire affaire avec Magda Laine, et Lenny voulait se montrer utile. Il espérait l'emploi à mi-temps dans la boutique de Noire que cette dernière lui avait promis en cas de succès dans cette tâche périlleuse. Pas facile, d'être jeune sur le marché de l'emploi !

Alors qu'il terminait son repas, cinq soldats entrèrent dans le village. Ils étaient bien équipés, et armés. Bien que d'une nature naïve, Lenny se fit immédiatement la réflexion intérieure que ses ennuis ne faisait que commencer. Il espérait néanmoins que les soldats ne soient pas ces fameux racketteurs qui pillaient le village.

Il s'essuya la bouche avec la manche de son pull, et quitta la pergola déglinguée où le bon samaritain lui avait servi le repas. Tout le monde dans le village semblait méfiant, et soumis naturellement à l'autorité des gens armés. De pauvres hères sans force ni pouvoir. Vivre loin de la protection de la Citadelle ou de communautés organisées rendaient la vie invivable.

Un vieil homme s'approcha des nouveaux arrivants. Lenny s'approcha également, en se tenant un peu à l'écart, se ménageant une sortie de secours en cas de danger, grâce à une ruelle entre bicoques du village. Il voulait entendre ce qui allait se dire, mais n'avait ni le courage ni la témérité de prendre les devants.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMer 15 Nov 2023 - 19:58
Le paysan observa derrière l'épaule de Martin. Il resta silencieux un moment, puis sa méfiance se transforma en incompréhension.

- Vraiment ? C'est tout ? dit-il sans même répondre à la salutation du lieutenant, Il n'y a que vous ?
- Je vous l'avais dit qu'on aurait mieux fait de se cotiser pour engager des régulateurs...
répondit un autre habitant.
- La république se moque bien de ses colonies! grogna une autre encore.

Rapidement, la petite colonie se rassembla devant l'escouade, attirée par l'arrivée des soldats. En tout il y avait une vingtaine de personnes représentant cinq familles, des parents avec leurs enfants, mais aussi un vieillard, le doyen du village qui, Martin le repéra de suite, portait un vieux fusil de fortune fabriqué avec des pièces de récupération ; fonctionnait-elle au moins ? Certainement qu'il n'avait même pas de balles pour la charger.
La vielle brahmine dans son enclos beugla d'un râle pathétique comme pour marquer elle aussi sa déception.

- Vous n'êtes que 8 ? invectiva une femme au visage creusé de rides par les dures conditions de vie dans les terres désolées, où est le reste des troupes ? Les armures assistées ? Les vertiptères ?

Une bourrasque dépoussiéra quelques épis de maïs mutants qui poussaient mollement dans un champ au milieu de plantes rudérales. L'ambiance était tendue, loin de l'accueil espéré.

- Cessez donc de râler et réjouissez vous plutôt que la Septième ait enfin répondu à notre appel ! intervint une femme en sortant d'une des constructions de bois et de tôles. Excusez les, mais cela fait tellement longtemps qu'on attendait une réponse.

Elle portait une longue robe de lin recouverte par un tablier en cuir de brahmine tâché de traces de sang, ses cheveux étaient tenus en arrière par un foulard, dégageant un visage qui aurait pu être joli s'il n'avait pas été autant exposé au soleil et à la poussière. Elle devait avoir la trentaine, mais en faisait dix de plus.

- Je me présente, Irina Laine, c'est moi qui a témoigné dans l'article. Je vous l'avez dit que cet article allait faire bouger les choses, dit-elle en se tournant vers ses compagnons. Que vous soyez 8 ou 100 je m'en fiche, je suis heureuse que la république s'occupe enfin de ses colonies. Le voyage a dû être épuisant ? Voulez-vous manger quelques choses ? Nous venons d'accueillir un voyageur, le repas est encore chaud.

Les rations militaires étaient certainement bien supérieures à tout ce que pouvait proposer ce piteux village, mais était ce bien malin de refuser son hospitalité ?
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyJeu 16 Nov 2023 - 20:46
Les paysens ne semblaient pas content ce qui poussa Martin à discrétement enlever la sécurité de son arme par précaution. Vieux réflexe de Loire-Valley. Il savait que ses compagnons avaient au moins fait de même, s’ils ne l’avaient pas déjà fait depuis les abords du village. Mais plus de peur que de mal. Ils n’étaient pas armés, ni même menaçant. Ils ne comprenaient juste pas. Enfin pas armé, un vieux l’était mais l’arme était aussi pathétique que le lieux et ses habitants.

- Vous n'êtes que 8 ?

Le lieutenant n'eut pas eu le temps de répondre. Il aurait aimé dire que 8 allaient être bien suffisants pour éliminer n’importe quelle menace. Il fut coupé par une femme qui n’était plus de première jeunesse. D’ailleurs aucune d’entre elles ne l’étaient, ou alors beaucoup trop jeunes pour lui. Bastion lui manquait déjà.
Elle se présenta, c’était donc elle la cause de leur présence ici. Mais au moins elle était plus accueillante.

- Le voyage a dû être épuisant ? Voulez-vous manger quelques choses ? Nous venons d'accueillir un voyageur, le repas est encore chaud.
- Bien sûr ce sera avec plaisir.


La femme ouvrit la voie. Martin fit un signe à ses soldats qui se détendirent un peu, au moins de visu car tous repéraient leur environnement proche pour déterminer la topologie du village. Jessica et les deux D leur donneraient aussi plus d’informations quand ils reviendraient de leur reconnaissance.

- Chef ?
- Sergent.
- Vous voulez pas qu’on aille plutôt repérer le village et qu’on place des sentinelles avant d’aller becter, pardon, manger un truc.
- Franchement.
Martin regarda autour de lui, une dizaine de baraques en bois, et au centre la chapelle. Voyez par vous même on a déjà fait le tour du patelin, et si jamais ça pète on sera jamais très loin du feu. Mais si vous tenez tant que ça à rester planté dans le clocher le temps qu’on casse la croûte avec les gens du coin allez-y.

Le sergent ne répondit pas et hésita quelques instants à aller se percher dans la chapelle mais la marche avait été longue et il n’était pas contre un peu de repos.
La femme entra dans la plus grande baraque qui devait servir de maison commune. Une longue table était dressée. C'était peut être la seule chose propre du village, des vieux matelas étaient entassés contre un mur, et ce qui semblait être la cuisine était encore tâché de sang frais. Tout était sale. Martin regretta encore plus Bastion

- Bienvenue chez nous. Asseyez vous, asseyez vous.

Les soldats posèrent leur barda dans un coin. Mais ils gardèrent leur armes sur eux. Comme toujours. Le temps qu'ils s’installent 5 assiettes, pleines à rabord d’un ragoût à ce qui semblaient être de la volaille, étaient apparues sur la table. À l’opposé de leur coin, une sixième assiette, à moitié vide, montrait que le fameux invité n’était plus parmi eux.

- Madame, encore merci pour le repas. Mais dites moi: où est votre invité ?
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyLun 20 Nov 2023 - 18:31
Lenny s'avança timidement, en sortant de l'ombre. Il était resté en retrait tout le long, invisibilisé par l'attention que les soldats obtenaient.
" Heu, c'est moi. "

Il y eut un silence où tout le monde se tourna vers lui. Aucun regard ne semblait amical.


" En fait... Je suis ici parce que je cherche Magda Laine. Pardon, m'dame, mais elle est de votre famille, non ? J'ai entendu votre nom, tout à l'heure. Irina Laine, c'est ça ? "

Quelle perspicacité. Il avait quand même fallu à Lenny déployer tout son courage pour oser parler, alors qu'il était entouré d'inconnu et de ses soldats aux airs de vétérans patibulaires et menaçants.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 21 Nov 2023 - 20:03
A peine lui avait on servit du ragoût que le caporal Roche s'était précipité sur son morceau de volaille, sans prêter plus attention à ce qui se passait hors de son assiette. L'infirmière militaire Grandieux était un peu dégoûtée de voir comment mangeait son camarade, a moins qu'elle l'était par ce qu'elle avait devant elle. Elle tourna négligemment sa fourchette dans son assiette et s'assura que la viande était bien de la volaille, valait mieux se méfier avec les habitants des terres désolées, certains étaient anthropophages ou pire, mangeaient ces horribles mouches géantes...
- Ça a l'air vraiment succulent, dit le sergent Burone par politesse, sans en être franchement convaincu. Il lança un regard à son lieutenant qui voulait dire "sérieux ? On peut pas se contenter de nos rations ? Pourquoi nous obliger à manger ça..."
Quand Lenny apparu, le sergent et le radio Colin eurent le réflexe de mettre la main sur la poignée de leur arme, avant de se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'un gamin chétif.
Lorsqu'il évoqua Madga Laine, un voile de tristesse recouvrit le visage de la paysanne.
- Oh... Magda. Ils l'ont enlevé ces salauds. C'est ma sœur. Elle n'est pas d'ici, c'est une itinérante, elle était de passage pour me voir lorsqu'ils l'ont prit. Tout ça pour faire pression sur le village... Monsieur lieutenant, s'il vous plaît, il faut retrouver ma petite sœur, dit-elle en s'accrochant au bras de Martin, les larmes aux bords de ses yeux cernés, c'est pour elle que j'ai contacté ce journaliste...
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMer 22 Nov 2023 - 20:24
"Enlevée ? Mais c'est terrible !"

Quelle indignité ! Kidnapper une jeune femme pour faire pression sur le village ! Lenny était outré ! Son visage ne pouvait pas masquer son état d'esprit ! Il avait les sourcils froncés et l'air grave !

"Je ... Ne vous inquiétez pas, Irina. J'irai chercher votre sœur ! Je ferai tout mon possible."

Lenny n'avait jamais eu de sœur, ni de frère, mais il était bon et compatissant par nature, et il trouvait cette injustice criminelle ! Il devait agir ! Bon, et puis aussi, il avait été missionné pour retrouver Magda, et c'était son premier boulot, et Lenny, c'était un petit gars sérieux et impliqué qui voulait devenir autonome et se lancer dans la vie, alors il était pas question de foirer ! C'est sa crédébilét... sa cridibélité... sa réputation qui était en jeu !
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Martin
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyDim 26 Nov 2023 - 17:53
Quel bordel. Martin soupira et s’alluma une clope. L'hôtesse prit un regard un peu horrifié mais bon. Ils étaient là pour sauver le village, la Magda et par la même occasion l’honneur du journalisme qui s’était sûrement perdu avant la chute. Tout ça commençait vraiment à le fatiguer. Il avait plus l’habitude d’imposer sa volonté aux civils que l’inverse, mais il avait une mission et il comptait bien la mener à bien.

“Bon bah je crois qu’on a pas le choix. On va partir la chercher.”

Le lieutenant se leva, tout en faisant signe à ses soldats de le suivre. Il n’avait pas touché à la mixture douteuse qu’on leur avait servi. Il espérait que personne ne s’en rendrait compte.

“Venez.” dit-il en désignant lrina. “Toi aussi.”, ça c’était pour le gosse qui se prenait pour un héros. Martin avait pas vraiment de plan pour lui mais il sentait qu’il allait être chiant, donc autant le mettre dans la confidence avant qu’il se foute dans les emmerdes tout seul.

Ils sortirent.

“Colin, prévenez l’équipe de reconnaissance que je les veux ici. Quand à nous on va devoir faire un choix. On m’a demandé de protéger le village, pas de sauver des gens kidnappés. Mais d’un autre côté si les gens qui menacent le village ont aussi pris des otages, personne ira nous reprocher qu’on ai fait d’une pierre deux coups.”

Colin venait de prévenir Bertin, ils étaient proches. Ils venaient juste de finir de repérer les environs du village : pas de signe de l’ennemi.

“Donc si vous pouviez nous donner plus d’informations sur ces gens, combien ils sont, ce qu’ils ont fait, et surtout où on peut les trouver.”
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyVen 1 Déc 2023 - 0:13
Celui qui semblait être le chef du groupe avait donné ses consignes sur un ton martial qui n'appelait pas à la discussion. Lenny le détaillait du regard depuis qu'il était entré dans le village. Il était plutôt bel homme, avec ses cheveux plaqués en arrière. Il fumait sa cigarette, d'un air sérieux. Il était encore assez jeune, mais il dégageait quelque chose de fort. Cet aura que dégage les soldats aguerris, et un regard endurci qui lui donnait l'air du mâle alpha originel.
Lenny était très troublé par l'attirance animale que Martin exerçait sur lui. Il glissa négligemment une main dans la poche de son pantalon, sans même y faire vraiment attention, pendant qu'il contemplait l'objet de son trouble.

Le soldat se tourna vers lui, ce qui fit sursauter Lenny et le tira de sa rêverie éveillée. Il lui dit simplement deux petits mots, mais cela le rendit encore plus confus et nerveux. Il bafouilla :

" Heuuu, je oui oui, d'accord. "

Quelle nouille. Il devait vraiment faire de la peine à voir. Comme si ça allait arriver, pensa t-il. Comme s'il pouvait être à la hauteur de ce parangon de la beauté martiale.

Lenny s'approcha de Colin qui avait déjà repoussé son assiette et se levait de son banc.
" Je peux vous accompagner ? " Il obtint un grognement et un hochement de tête qui pouvait vouloir dire tout aussi bien "va chier dans la cabane d'à-côté, tu y choperas des morbacs" ou "suis-moi, on y va, mais fais moi pas chier".

Lenny préféra penser que c'était la seconde option. De toute façon, il avait besoin de sortir de cet endroit. Le trouble qu'il avait ressenti le perturbait trop, il fallait qu'il prenne l'air et qu'il se dégourdisse les jambes. Il sortit la main de son pantalon pendant que Colin récupérait son radio-transmetteur, et ils sortirent dans la rue, si tant est qu'on puisse appeler ça ainsi.

Pas démoralisé par l'aspect hermétique à la discussion de l'opérateur-radio, Lenny tenta la discussion d'approche courtoise.

" Au fait, je m'appelle Lenny... Lenny Razevitz. Toi c'est Colin, c'est ça ? Je ... Vous avez l'air d'avoir vécus des vraies aventures, vous tous... Vous pensez que ça va barder, ici, m'ssieur ? "
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 5 Déc 2023 - 21:27
- Je ... Ne vous inquiétez pas, Irina. J'irai chercher votre sœur ! Je ferai tout mon possible.
- Merci monsieur Lenny de vouloir aider à retrouver ma soeur, mais... elle le regarda de bas en haut en hésitant sur la suite de sa phrase, vous devriez laisser faire les soldats, ne mettez pas votre vie en danger.
Irina suivit Martin à l'extérieur.
Les habitants du petit village étaient retournés à leurs occupations. Déçus, ils n'attendaient rien de la petite troupe de soldats, les voyant déjà repartir vers la capitale en ayant fait semblant d'avoir fait quelque chose. Un enfant sans dent regardait le lieutenant avec insistance, certainement impressionné par les armes du soldat ; lorsqu'il croisa le regard de Martin, il lui fit un large sourire en montrant ses gencives édentées.
- Donc si vous pouviez nous donner plus d’informations sur ces gens, combien ils sont, ce qu’ils ont fait, et surtout où on peut les trouver.
- Bien sûr, répondit Irina, si nous n'avons pas de quoi nous défendre nous ne sommes pas restés sans rien faire. Nous connaissons bien la région vous savez, l'un de nous a pu les suivre. Eugène ! cria t'elle. Dans l'un des champs, un jeune adolescent lâcha son râteau lorsqu'il entendit son nom.
Il était à peine plus jeune que Lenny, les joues creuses et la tête rasée qui laissait voir des croûtes séchées sur son crâne.
- Gène, raconte à monsieur Lieutenant ce que tu sais sur les méchants.
- Oui, répondit-il en se mettant au garde à vous, il devait croire que c'était comme ça qu'on s'adressait à un soldat. La dernière fois qu'ils sont venus j'ai réussi à les suivre monsieur Lieutenant. Ils habitent dans les ruines d'une usine à 1h de marche d'ici. Leur chef s'appelle Charbon-Ardent, mais on ne l'a jamais vu au village. Celui qui vient nous voir il s'appelle Calor. On le reconnaît à sa balafre sur sa gueule, enfin... je veux dire, sur sa tête. Il a comme une trace de brûlure de la joue au front, ça lui fait comme un triangle. A chaque fois qu'ils viennent ils sont une dizaine, mais ils doivent être plus. C'est pas toujours les mêmes qu'on voit. Ils sont toujours accompagnés d'un radcaniche, un méchant qui aboie tout le temps.
Le gamin ne savait plus quoi rajouter, il regarda Irina.
- C'est bien Gène, lui dit-elle en lui caressant la tête. Le gamin était tout heureux d'avoir pu aider. Il se sentait comme un homme et s'imaginait déjà soldat.
- Ils sont encore venus la semaine dernière, continua t-elle, à chaque fois ils nous rançonnent et ne nous laissent quasiment rien pour vivre. Si on résiste ils nous frappent. Une fois leur radcaniche a mordu l'un de nos gamins. Heureusement qu'il nous restait un stimpack en réserve, sinon il serait mort... Cest plus possible de vivre ainsi, les terres désolées sont assez durs comme ça.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyVen 8 Déc 2023 - 20:23
Au moins les locaux étaient polis, ça changeait des ingrats de la Loire. Après ici ils étaient des sauveurs, pas des occupants. Ce qui était sûrement le cas, mais dans certains cas la différence était faible.
Le gamin, Gène, semblait avoir pisté les ribleurs, ses informations allaient être vitales. D’après ce qu’il avait pu glaner les soldats n’étaient pas en supériorité numérique, mais c’était normal et tous étaient assez entraînés pour qu’un rapport de force de 1:3 ne soit pas un problème. Le vrai problème c’était qu’ils allaient sûrement devoir prendre d’assaut l’usine et qu’ils n’avaient pas d’informations.

“Merci madame, et toi aussi Gène. Je vais discuter avec mes soldats pour trouver une solution. En attendant si vous pouviez nous trouver un toit pour poser nos affaires ce serait très sympathique de votre part. La Septième fera sa part.”

Il salua la famille et vit signe à ses soldats de se rassembler, Bertin et les deux D venaient d’arriver. Colin discutait avec le jeune étranger.

" Au fait, je m'appelle Lenny... Lenny Razevitz. Toi c'est Colin, c'est ça ? Je ... Vous avez l'air d'avoir vécus des vraies aventures, vous tous... Vous pensez que ça va barder, ici, m'ssieur ? "

Le radio était un peu gêné, il avait pas l’habitude d’être au centre de l’attention.


“Bah je sais pas trop, à Loire-Valley ça avait été dur au début mais on s’est débrouillé quoi. Rien de bien compliqué, surtout avec des gars comme les D ou le sergent. Puis..”
- Soldat, ramenez vous! Réunion d’urgence!”
- Oui lieutenant, j’arrive!”


Le sergent remis une couche pour bien faire comprendre à Colin que tout ça c’était plus important que de parler avec des civils. Les soldats firent un cercle autour de leur lieutenant qui sortit une carte. Martin plaça une pierre blanche pour marquer l'emplacement de l'usine et une autre plus foncée pour celle du village.

Alors Bertin, que donne votre reconnaissance ?
- Rien de spécial monsieur, le village est assez exposé de tous les côtés ce qui est autant un avantage qu’un inconvénient. En tout cas y’a rien que des champs, et de la plaine. Pas d’endroits où se planquer si quelqu’un approche. J’ai remarqué qu’on voyait le clocher jusqu’à assez loin donc ça ferait une bonne tour d’observation si besoin.
- Bien. Messieurs quelques choses à rajouter ?
- Non, vous savez nous on tire quand on nous demande de tirer. Mais ouais depuis le village si quelqu’un approche ce sera comme sur le champ de tir pour eux. Mais on sera bloqué s’ils nous encerclent.
- La Légion ne recule pas.”


Martin regarda autour de lui, la reconnaissance n’avait fait que valider ce qu’il pensait déjà. La tour avec Bertin dedans et le reste de la compagnie dans les baraques pour servir de base de tir serait parfait, mais personne ne savait quand les bandits allaient revenir.

“Les villageois m’ont donné quelques informations supplémentaires. Déjà je pense qu’on a à faire à des gars du Boumland. Leur chef serait un Charbon-Ardent et un de ses seconds : Calor. Donc pas votre pilleur habituel. Néanmoins ils ne sont qu’une dizaine, donc rien d’insurmontable pour une compagnie de la Légion. Leur base est à une heure d’ici dans une ancienne usine. Je pense ici.”

Il pointa le petit carré noir où était noté “Usine de ciment Laforge”.

“En tout cas la situation semble assez urgente. On peut pas poser notre cul en attendant que l’ennemi arrive car des villageois ont été pris en otages, donc ils comprendraient pas qu’on bouge pas pour aller les sauver. Néanmoins on a besoin de plus d’info sur l’usine et sur combien d’ennemis on a à faire. Bertin, Dewiit et moi on va y faire une reconnaissance, j’ai besoin de voir par moi même. On part dans une heure le temps que vous vous refassiez une beauté.”

Les soldats rigolèrent.

“Sergent, commencez à préparer le village si jamais s’il devait subir une visite des ribbleurs. J’aimerais qu’on ait l'initiative en les attaquants mais autant se préparer à tout. Un soldat dans la tour, un autre dans la cabane là.”

Il désigna la cabane qui était le plus proche du chemin qui venait de l’usine.

“Vous tournez toutes les 4h pour l’instant. On se servira du bâtiment en béton comme de base principale et d’appuie si on est débordé. Julie, faites le tour du village pour voir si quelqu’un a besoin de soin. On reste les représentants de la Septième autant gagner les cœurs et les esprits et ne pas recommencer comme aux Boistards.”

Les mines devinrent sombres, tous se rappelaient quand le village de Boistards s’était soulevé contre les légionnaires venus déloger des insurgés. Le lieutenant avait dû faire abattre tous les hommes de plus de 15 ans ainsi que les femmes importantes du village pour rétablir le calme.

“Bon, on part dans 1h. Dewiit préparez vous, pas de sac, seulement vos armes et quelques munitions. Cachez tout ce qui peut être réfléchissant. Rompez!”

Les soldats saluèrent le lieutenant, et suivirent les ordres gueulés par le sergent qui vinrent juste après.

Martin repéra le jeune étranger qui continuait à traîner dans les pattes. Il savait que le gamin allait lui poser des problèmes, il voudrait jouer au héros et se ferait buter ou ferait que d’autres le soient.

“Toi là. C’est quoi ton nom ? On aurait besoin d’un coup de main. Va voir le sergent et dis lui que je t’ai réquisitionné pour patrouiller le village. C’est très important, il te donnera de quoi nous aider.”

Il le laissa là et alla expliquer au sergent de filer un pieu ou un couteau au petit pour qu’il puisse jouer au soldat. Puis tant qu’à faire si Gène ou d’autres voulaient aider autant faire de même.

Bertin, Dewiit et Martin se préparèrent ensemble. L’éclaireuse examina elle-même le jeune soldat pour vérifier que les ordres du lieutenant soient suivis. Elle fit de même avec ce dernier juste pour être sûr.

Après s’être fait confirmer l’emplacement de l’usine par Gène, la troupe partit. Ils mirent un peu moins de 45 minutes pour approcher l’usine. Ils n’avaient croisé personne. Après s’être mis sur une petite butte qui donnait un bon angle sur le lieu, Bertin et Martin se mirent à reconnaître la zone. Le soldat avec la lunette de son fusil, le lieutenant avec ses jumelles.

“Alors Bertin que disent vos yeux d’aigles ?”
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyLun 11 Déc 2023 - 21:22
Lenny marchait d'un air boudeur vers le Sergent en cogitant.

Pourquoi est-ce que personne ne lui faisait confiance ?

D'abord, Irina l'avait refroidi en le toisant, et en lui disant de ne pas mettre sa vie en danger. Bien sur, elle avait certainement dit ça avec les meilleures des intentions, mais Lenny avait senti peser sur lui tout le poids de son inaptitude. Il avait eu l'impression de n'être qu'un enfant de douze ans, au corps chétif, l'anti-guerrier personnifié.

Ensuite, c'était Colin, qui avait peiné à masquer sa gêne de se faire apostropher par ce qu'il considérait visiblement comme un moins-que-rien. Il avait commencé à parler comme un vrai guerrier expérimenté. Dans un autre contexte, Lenny aurait pu être captivé par son récit, mais à cause de son côté effacé et des regards en biais qu'il avait reçu depuis qu'il était arrivé dans le village, il se sentait très en insécurité. Infantilisé. Sous-estimé. Il sentait que le soldat avait avec lui un comportement un peu passif-agressif.

Enfin, c'était Martin, le chef de la troupe, qui l'avait envoyé baladé. Bien que cet homme au corps musclé et au caractère assuré de mâle alpha, parangon de la masculinité, réveillait en Lenny des sentiments inconscients insoupçonnés (ou peut-être précisément à cause de ces sentiments), Lenny éprouvait un mélange de colère bouillonnante et contenue et de défiance pour le Lieutenant.

Soyons lucides. Il l'avait envoyé chercher l'équivalent du marteau à bomber le verre pour se débarrasser de lui, il s'en rendait bien compte, il était pas si bête ! Surtout qu'un Régulateur lui avait déjà fait le coup l'année dernière, et qu'il avait passé des heures à aller de commerce en commerce en cherchant le fameux marteau qui demeurait introuvable. Tous les commerçants semblaient s'être passé le mot, et l'avait fait tourner en bourrique en se riant sous cape à ses dépens. Il en gardait un souvenir amer, mais avait bien appris cette leçon.

Et là, il avait exactement la même impression, le même sentiment. Il se sentait écarté et pris pour une andouille. Il fulminait encore dans ses pensées lorsqu'il atteint le Sergent.

"Vot' chef m'envoie, je suis réquisitionné pour monter la garde avec le village."
Lenny avait parlé d'un ton glacial. Être amical, poli et courtois ne menaient à rien avec ces gros machos. Ils le prenaient tous pour un con, dans ce trou pourri.
"Il m'a dit que vous deviez me donner de l'équipement léger pour que je sois efficace."

Le Sergent lui confia une arme avec une moue dédaigneuse, puis lui donna quelques indications sur la façon de s'en servir et comment monter la garde, sur un ton péremptoire et agacé.

[HRP : MJ, décide de l'équipement que je reçois, stp]

* * *

Lenny soupesait son arme en faisant le tour du village. Au moins, maintenant, il avait quelque chose. Même si on continuait clairement de le prendre pour un boulet, on l'avait mis à contribution.
Au bout de la rue, le groupe d'attaque était sur le départ. Eux, ils allaient dans l'action. Ils allaient jouer aux héros, et ça les aurait bien emmerdé que Lenny soit de la partie, pensa le jeune garçon avec amertume. Oui, eux, ils allaient récolter la gloire, et séduire les femmes, et sauver la princesse en otage. Quelle bande de gros cons. Ce n'était pas le genre de Lenny d'habitude, de réagir de cette façon, mais il était vraiment remonté.

Puisque c'est comme ça, il allait les suivre discrètement. Lui aussi, il pouvait agir. Il allait leur montrer qu'il était largement aussi courageux que n'importe qui ! Il jeta quelques regards prudents autour de lui et abandonna son poste, poursuivant les soldats en mission, à bonne distance et à couvert.

Attribut Agilité de Lenny : 6+1 (Furtivité)
Difficulté : Avancé (pour la détection par le groupe de Martin) et Maître (pour la détection par un témoin potentiel dans le village)
Chance : 70% / 35%

Nombre aléatoire (1,100) :
96
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 12 Déc 2023 - 20:17
- Alors Bertin que disent vos yeux d’aigles ?
La cimenterie était construite au bord d'un fleuve d'où elle puisait son eau. Autour, il n'y avait rien, que des ruines et les terres désolées. Le Reg en somme.
L'usine était faite d'un seul grand bâtiment tout en longueur d'où partait de longs convoyeurs rejoignant deux immenses silos, dont l'un était à moitié effondré sur lui même. Un peu plus loin, un autre bâtiment : une grande tour faite d'un enchevêtrement de canalisations et de tuyaux rouillés avec à ses pieds, un tas de pierres calcaires en attente de concassage depuis un siècle et la carcasse d'un énorme tombereau d'Atomebus dont la pile à fission fonctionnait peut être encore.
- Une possible entrée peut être, dit Bertin en désignant deux grandes canalisations qui se vidaient dans le fleuve. Reliées au bâtiment principale, elles étaient assez larges pour laisser passer un homme et elles ne devaient plus fonctionner depuis la grande guerre.
- Une autre par les toits, mais les escaliers semblent bien rouillés. Le bâtiment était flanqué d'escaliers métalliques menant au toit où des fenêtres, pour la plupart brisées, pouvait permettre d'observer ou de rentrer en rappel.
L'entrée principale quand à elle était gardée par une tourelle de fortune qui tournait sur elle même en faisait un bruit de moteur saccadé à en donner mal au crâne.
- Ingénieux ces ribleurs, pas les premiers rigolos venus.
A côté de la tourelle, un homme fumait sa clope accompagné d'un radcaniche, certainement celui dont avait parlé Gène.
- Attendez, mais c'est quoi ça ? C'est pas le gamin du village ??
Au loin, une silhouette approchait imprudemment de la cimenterie. D'autant plus imprudente qu'elle n'était équipée qu'un d'un couteau que lui avait confié le sergent Burone.
Lenny avait tenté de suivre la petite troupe. S'il avait bien suivit leurs traces pendant une bonne demi heure, il s'était à moitié perdu sur le dernier quart d'heure. Le voilà qui avançait sans trop savoir où aller, s'approchant des ruines de l'usine sans repérer les dangers.
- Putain le con, il va nous faire repérer !
- Il va surtout se faire dézinguer par la tourelle s'il continue par là. Quel abrutis.
- Qu'est ce qu'on fait chef ?
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMer 13 Déc 2023 - 14:33
“Putain le con, il va nous faire repérer !
- Il va surtout se faire dézinguer par la tourelle s'il continue par là. Quel abrutis.
- Qu'est ce qu'on fait chef ?
- Gardez un oeil sur cette putain d’usine !


Martin se leva et sprinta vers le gosse. Il était en forme mais la clope n’aidait pas, il sentit ses poumons brûler dans sa poitrine. Quel bordel. Comment personne n'avait pu le voir s’échapper du village ? Il engueulerait Burone plus tard. Son fusil battait dans son dos, le peu d’équipement qu’il avait commencé à devenir lourd, mais il ne perdit pas de sa vitesse.

Il plaqua Lenny. S’il était né quelques siècles plus tôt on aurait salué ce tacle dans un bon match amateur de rugby, mais bon on était là dans ce bourbier et ils allaient se faire buter pour rien. Il sentit le gosse s’écraser sous lui, durement, pas de craquement étrange. Au pire quelques côtes en moins mais ce serait une bonne leçon.

Il se releva douloureusement et tira le corps meurtrie du petit vers le groupement de buisson le plus proche, pas le meilleur des couverts mais le meilleur à la ronde. On fait avec ce qu’on peut.

Une fois à l’abri Martin s’effondra, souffle coupé, jambes molles. Bertin parlait dans son oreillette de proximité. Il ne comprenait rien mais ils avaient été compromis.

“On bouge… viennent vers nous… ils tirent pas… on voit la poussière… vient.”

Qui vient ? Tout le monde en déduit-il. Au moins Bertin et Dewiit. On se regroupe, on récupère, on tire si besoin, on décroche. Comme à l'entraînement, sauf qu’aujourd’hui l'entraînement était loin. Bastion l’avait rouillé. S’il était honnête il s’était rouillé lui même, trop d’alcool, trop de clopes, trop de journée à attendre tranquillement que le temps passe.

Petit fils de pute. Tu sais dans quelle merde tu nous as mis ?

Il ne sut jamais si le gosse l’avait entendu. Car les cris de plusieurs ribleurs se firent entendre. Ils s’approchaient, ils étaient plus nombreux que lui. Moins que ses munitions mais il n’était ni en état, ni en position pour un échange de tirs.

Bordel de merde.

Les mots s’échappèrent doucement de sa bouche. Il devait attendre ses camarades. Et surtout protéger le gamin. Il était parti sur un coup de tête. Marre de voir trop de civils se faire buter, par les salopards ou par son camp. Il avait eu son compte d'innocents morts par sa main, il allait pas en laisser passer un de plus. En tout cas pas aujourd’hui.

“Lieutenant, sur votre gauche. Tirez pas.”

Bertin, suivi par Dewiit. Ils vinrent se placer sur son flanc gauche. Armes pointées vers les bruits.

Rapport.
- La sentinelle nous a repérés. Il a lâché le chien. On vous a suivi directement, on sait pas s’il a ramené des renforts.
- Bonne course chef. Mais si on tire on aura ses copains au cul.”


Bon au moins la situation n’était pas si pourrie. Ils auraient sûrement à buter le chien, et ce ne serait pas discret. Trop dangereux de se débarrasser de ces merdes au couteau. Et ils n’avaient pas de silencieux.

On va essayer de reculer. Le chien va devoir y passer. Sûrement son maître. Economisez un maximum de munitions.

Ils étaient trop loin pour demander des renforts, Colin était resté à la base avec sa radio et de toute façon ils n'en avaient qu’une. Au pire ils préviendraient Horizon qu’une partie de l’escouade serait morte au combat. Les familles auraient une petite lettre pour annoncer que ces glorieux légionnaires de la Septième étaient morts en héros, armes à la main, face aux ennemis de la République. Pieu mensonge, au moins sur la partie gloire.

Martin prit le gosse par le col et le traîna vers le bord de la piste qui servait de route entre le village et l’usine. Au bout de trois mètres, il se rendit compte que ça allait être compliqué. Soit le gosse était encore dans les vapes, soit il avait décidé de pas réagir. Le plaquer avait été une idée de merde. Il avait que des idées de merde depuis un moment. Dire au petit que lui aussi pourrait être un héros, lui filer une arme, fumer ces clopes, cet alcool doux qu’ils fabriquaient sur les bords de la Loire.
Ça allait être une mort de merde.

Il tira le gamin encore quelques mètres vers le groupement de buisson suivant, à quelques pas de la piste. Il y avait quelques cailloux au sol, pas assez large pour se cacher accroupie mais au moins couché y’aurait un peu de couvert.

“Allez réveille petit fils de pute.”

Il claqua le visage de Lenny. Assez vigoureusement pour réveiller un sergent de la Légion après une bonne cuite. Il y’avait une chance qu’il l’assome encore un peu plus. Pas de réaction.

“Bouge toi, sinon on va tous crever ici.”

Il mit la deuxième.

“Réveille toi putain !”

Bertin s’allongea derrière le rocher, Dewiit se mit derrière les buissons en couvert du lieutenant. Le chien mourrait, ça le lieutenant pouvait en être sûr. L’éclaireuse était plutôt du genre une balle un mort. Mais après ce serait la merde.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyVen 5 Jan 2024 - 0:20
Lenny avait eu l'impression de se faire plaquer au sol par une brahmine enragée par un régime à base de protéines animales. Le coup avait été d'une violence telle qu'il avait expriré tout l'air de ses poumons et tentait vainement de reprendre son souffle, sonné, pendant qu'il gisait à terre, sous une masse de testostérone qui avait visiblement envie de se libérer de son surplus de rage en gueulant à tout va.

Lenny eu un flash de son enfance, quand les autres enfants plus grands, plus gros et plus forts le claquaient au sol dans la bouillasse pour lui apprendre la vie, en le traitant de petite gonzesse. Le plus gros, affectueusement surnommé par toute la bande Gros Lardon, s'asseyait sur son dos pour l'empêcher de bouger pendant que les autres lui descendaient son pantalon sur les chevilles pour lui mettre des coups de ceinturons sur ses fesses blanches. Il rentrait chez lui boueux, humilié, endolori et larmoyant, et devait cacher ses vêtements et les laver lui-même s'il ne voulait pas se prendre une gifle de sa mère qui avait déjà bien assez de travail comme ça à la gestion des stocks de conserves de la communauté.

Les autres soldats arrivaient en ayant des airs très inquiets. Ils échangèrent quelques mots, mais Lenny ne comprit rien, trop occupé qu'il était à essayer de remettre son système respiratoire en marche. Sa respiration était sifflante et il avait mal aux côtes et au plexus. Cette grosse brute de Lieutenant le cramponna par le col et le tira comme un vulgaire sac de pomates jusque dans un bosquet.

Les yeux encore révulsé, Lenny mangea une énorme beigne qui laissa une marque rouge sur sa joue et l'assomma encore plus. Un filet de bave éclaboussa le sol, et la main de l'officier, qui n'en attendait pas plus pour en mettre une deuxième.

" Réveille toi putain ! "

Lenny leva la main dans un geste faible pour se protéger d'une troisième claque. Il pensait crier, mais c'était plutôt un murmure de boxeur groggy :

" Arrête, vieux con ! "

Il avait repris suffisamment son souffle et ses esprits pour passer en mode survie et essayer de lutter contre une mort certaine à coup de tartes.

Martin lâcha son col, et lui jeta un sale regard. Lenny se redresse sur son cul, en se faisant des griffures dans les branches du buisson. C'était pas facile d'être un héros. Le lieutenant laissa Lenny récupérer de ses émotions et s'approcha des autres soldats pour discuter tactique militaire et plan de défense. Lenny était encore sonné, et tâtonna pour retrouver son couteau. Pas là. Pas là ?? Où était le couteau ?!
Ses yeux s'agrandir, et il chercha autour de lui. Là-bas ! Le couteau était tombé par terre non loin de la route ! Il avait du l'échapper.

Lenny se relève suffisamment prestement, bien que maladroitement, pour que ses compagnons de combat concentrés dans de grandes discussions sur leurs objectifs guerriers et leur plan d'attaque ne puisse l'arrêter. Et Lenny se mit à courir, un peu chancelant, manquant de tomber à chaque pas, comme une marionnette désarticulée. Lorsque les soldats se rendirent compte de ce qu'il faisait, avec des yeux ronds de surprise et de stupeur, il était déjà trop tard. Il était presque rendu au couteau, quelques mètres plus loin. Il tombait à genoux pour le ramasser, quand une détonation brisa le silence. La balle fusa au-dessus de lui.
La foulée précipitée du molosse soulevait la terre, jeté comme un sprinteur dans une course meurtrière vers une ligne d'arrivée gorgée de sang frais. Le chien bondit sur Lenny, qui se retourna dos au sol au même moment, le grand couteau de guerre tourné lame vers le ciel, tenu de ses deux mains par la garde. Il hurla de terreur pendant que la bave fétide et les crocs approchaient son visage. Il donna par réflexe un coup de poignard en essayant de se dégager rapidement en roulant sur le côté.

" AAAAAAH !!
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyVen 12 Jan 2024 - 14:16
En quelques instants la situation avait complètement dégénérée. La faute à la naïveté de Lenny.
Grâce à la réactivité du lieutenant sa vie fut prolongée de quelques instants, mais c'était sans compter sur sa témérité. A peine remit qu'il échappa à la vigilance de Martin pour se remettre à découvert en voulant récupérer son couteau.
Une balle siffla à son oreille avant qu'une masse ne viennent l’aplatir sur le sol.
[jet de dé réussit]
La bave de la bestiole lui dégoulina dans la nuque, ses pustules dégueulasses à quelques centimètres de son visage.
Depuis qu'il était né, Lenny était protégé par une étoile. Certains superstitieux le disaient sous la protection d'Atome lui même : à chaque fois qu'il se retrouvait dans une galère, sa chance venait le sauver. Parfois elle prenait l’apparence d'un beau soldat au cheveux bruns, d'autres fois c'était sous la forme d'un couteau judicieusement placé.
La lame était venue se figer dans l'abdomen de l'animal, le tuant sur le coup. Mais à présent, le voilà qu'il était bloqué sous le poids de la bestiole sans plus pouvoir bouger.

- Lieutenant ! J'en vois trois. Qu'est ce qu'on fait ?

Deux autres ribleurs étaient sortis pour épauler le guetteur. Ils étaient armés de mitraillettes de fortunes qui à cette distance étaient relativement peu efficaces, mais l'un d'eux était en train d'allumer un cocktail molotov.

- On les affronte ?

[jet de dé réussit]
Martin aperçu du mouvement sur le toit de l'usine, deux autres ribleurs étaient sortis dont l'un muni d'un fusil à lunette.
Si la Légion n'allait pas reprocher à Martin la perte d'un civil, qui plus est ne faisant pas parti de la colonie, la mort de soldats aguerris sur une simple mission de reconnaissance allait lui ôter toute chance de promotion avant un moment...
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyVen 12 Jan 2024 - 19:44
“On les affronte ?”

Excellente question soldat. 3 ribleurs étaient à portée. Trop loin pour être encore un souci mais ils commençaient à être en supériorité numérique. Deux autres venaient de se placer sur le toit avec une arme à distance.

“Bertin, fumez-moi ce sniper ! Dewiit tir de suppression !”

Bertin se mit à viser le toit. Il lui fallait le temps de viser. Dewiit lui se mit à viser les 3 ribleurs les plus proches. En rafale, non pas pour les tuer mais plutôt pour les forcer à se planquer. Ça leur laisserait le temps de reculer.

Martin n’avait pas vu le chien, il avait foncé sur le gamin sans qu’aucun des soldats n’aient le temps de réagir. Il se tourna par réflexe. Plus personne ne bougeait.

“Merde !”

Il se leva en trombe, lâcha une rafale vers les ribleurs et courut vers Lenny. Dès qu’il à fut porté il lâcha un énorme coup de pied dans le radcaniche soulevant son corps sur le côté. Le chien ne réagit pas. Il semblait mort, avec son couteau planté dans le cœur. Dans le doute il lâcha un tir de laser dans la bête.

“Ça va gamin ?”

Il souleva Lenny qui semblait encore sonné de toutes ces aventures et le mit assit. Le gamin était couvert de bave, de poussière et de sang. Complètement sonné, ou choqué, ou les deux.

“Surtout répond pas.”

Martin ne prit pas le temps de viser et remit une rafale en direction des ribleurs. Dewiit faisait de même.
Ils étaient maintenant près de la route, ils pouvaient encore s’échapper mais ça dépendait de la réactivité du gosse. Dewiit commençait à reculer pas à pas vers ce qui semblait une hauteur sur le côté du chemin, surement pour pouvoir se placer derrière et couvrir Bertin après son tir.

La situation était dangereuse. Lenny commençait à bien lui casser les couilles. Martin le prit par le col et le tira vers la hauteur en espérant qu’il reprenne ses esprits et se mette à courir.
Martin commença la retraite épaulé par Dewiit. C’est alors que Bertin fit son tir en direction du toit.

Au même moment Martin vit un des 3 ribleurs sortir de son couvert et se mettre pile dans son viseur. Par réflexe il tira.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyDim 14 Jan 2024 - 20:18
Encore couvert de sang de canidé, le jeune et inexpérimenté Lenny n'entravait rien de la situation et se faisait balloter à droite à gauche comme le boulet qu'il était.
Lorsque Martin tira juste à côté de lui, il s'effondra au sol les deux mains plaquées sur ses oreilles, un sifflement persistant lui vrillait les tympans.

Il fut soudain prit de panique. Ce n'était pas lui tout ça ! La fureur ! La guerre ! Il n'aurait jamais du quitter sa maison, et une fois qu'il avait quitté sa maison, il n'aurait jamais du quitter Citadelle, et une fois qu'il avait quitté Citadelle, il n'aurait jamais du quitter le village pourri où étaient les civils !

Un peu tard pour avoir des regrets, il était maintenant dedans jusqu'au cou, et la seule option qui lui apparaissait comme évidente était la désertion, la fuite, la débandade. De ses yeux de bête effrayée prise au piège, il cherchait un abri, un trou ou s'enterrer, une trappe, un sous-sol ou une plaque en acier pour se cacher dessous. N'importe quoi, un tunnel, un abri antiatomique individuel, une cave, une aspérité entre deux gros cailloux.

[ Jet de dés perception : réussite (6) ]


Là ! Quelque chose !
[Le MJ est libre d’interpréter le résultat.]

Il gueula du plus fort qu'il pouvait pour couvrir le bruit de la fusillade :


" Lieutenant !! Regardez là-bas, derrière-nous ! Il faut se retirer et s'abriter là-bas !!"

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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyLun 15 Jan 2024 - 21:02
Martin et sa troupe répliquèrent par une salve de rayons écarlates dirigée vers l'usine.
Les armées de la Septième devaient leur succès non seulement à leur discipline militaire mais aussi et surtout grâce à leur supériorité technologique. Les armes de la Légion étaient d'une qualité bien meilleure que les pâles pétoires délabrées des ribleurs. Acculés par les tirs, ces derniers durent se replier.
Un cocktail molotov vint s'éclater non loin des soldats, répandant un tapis de flammes qui dévora avec appétit le sol semi-aride du Reg. L'incendie embrasa en quelques instants les buissons secs, créant rapidement un épais nuage de fumée qui gênait la vision.
- C'est le moment de fuir mon lieutenant.
Lenny avait justement repéré vers où se replier. Comme quoi, il pouvait parfois servir à quelque chose.
Quelques mètres plus loin une crevasse les mettrait à l'abri de leurs assaillants, de quoi souffler un peu et réfléchir à la suite.
- Qu'est ce qu'on fait mon lieutenant ? On se replie pour revenir avec des renforts ?
- Vous avez vu leurs armes ? A nous trois on les fume.
- On ignore combien ils sont, et si ce sont biens des boumlandeurs ils doivent avoir des armes incendiaires. En tout cas, c'est rappé pour l'effet de surprise.
- Même à 1 contre 10 on les fume je vous dis, on prend les paris. 10 francs ?
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Martin
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 23 Jan 2024 - 19:39
Les flammes prirent vite. Le lieutenant ne s’était pas attendu à ça. Le plan avait fonctionné et avait mis les ribleurs dans une position délicate. La légion était d’un autre niveau que tout ce qu’ils avaient dû affronter avant.

La fumée les prenaient maintenant à la gorge et Martin s’arrêta de tirer. Tout comme Bertin, qui n’avait plus de ligne de visée.

" Lieutenant !! Regardez là-bas, derrière-nous ! Il faut se retirer et s'abriter là-bas !!"

Martin se retourna par réflexe et vit que le gamin lui montrant une sorte de crevasse, assez profonde pour les couvrir. Du moins c’est ce qui lui semblait.

“C'est le moment de fuir mon lieutenant.
- Bonne idée Bertin. Dewiit couvrez nous en reculant !
- Vous avez vu leurs armes ? A nous trois on les fume.
- Non, on se replie. C’est un ordre.
- On ignore combien ils sont, et si ce sont bien des boumlandeurs ils doivent avoir des armes incendiaires. En tout cas, c'est rappé pour l'effet de surprise.
- Même à 1 contre 10 on les fume je vous dis, on prend les paris. 10 francs ?
- On ne prend pas de paris. Et on se replie !”


Le lieutenant donna un taquet à Dewiit, qui compris, en plus de la voix lourde de son officier, que ce n’était plus le temps de jouer au héros.
Il se mit à continuer ses rafales, tandis que ses trois compagnons coururent vers la crevasse. Une fois à l’abri, Bertin et Martin prirent position pour couvrir la propre retraite de Franck.

“Soldat replie !”

Il hésita quelques secondes avant qu’une rafale s’écrasa devant lui. Le jeune soldat ne lâcha même pas une salve en réponse et courut rejoindre la sécurité de la crevasse.
Ils étaient serrés à 4 mais pour l’instant ils étaient à l’abri et cachés des ribleurs.

“Bien joué gamin. On va peut-être pouvoir faire quelque chose maintenant.”

Oui mais quoi ? Même en continuant à tirer quelques rafales en aveugle il y avait une chance que les boumlandeurs montent à l’assaut. On ne savait jamais avec ces types là, ils n’avaient aucune tactique ni entraînement sérieux. Ce qui était un avantage mais aussi un inconvénient car ils agissaient n’importe comment sur le terrain.

“Bertin vous ne nous êtes plus utile avec votre arme, courez jusqu'à ce que vous sentez le danger derrière vous. Toi le gosse, essaye de la suivre, mais tu ne reste pas là. Dewiit et moi on va vous couvrir un moment et on se repliera aussi. Avec un peu de chance ils nous lâcheront, on va se diriger vers une autre direction que St-Jean pour éviter qu’ils ne débarquent là bas. On se retrouve plus tard. Bertin, si nous ne sommes pas là 24h après votre arrivée au village, considérez nous comme morts, tenez la position et contactez Horizon.”

Les deux soldats hochèrent la tête en silence. Le gosse aussi. Bertin se prépara à sauter de la crevasse et courir vers le village. Elle sangla son arme pour éviter un maximum de gênes.

“Suis moi” dit-elle à Lenny “essaye de pas me lâcher.”

Elle salua son lieutenant. Qui mit son arme en joue en direction du nuage de fumée, imité par Franck.

Tandis que Martin et Dewiit tiraient en rafale courte, elle prit la fuite. Ils tinrent plusieurs minutes sans voir un seul ribleur. Ces derniers continuaient à tirer dans leur direction mais ne bougeaient pas. Ils s’imaginaient peut être que c’était un piège.

“Chef c’est ma 3ème cellule morte, il m’en reste une et après j’en ai plus.
- Moi aussi je commence à être à court. Bertin et le gamin doivent être loin maintenant. Prêt soldat ?
- Toujours mon lieutenant.”


Martin dégoupilla l’une de ses grenades, fit un signe de tête à Dewiit qui rechargea son arme et se prépara à courir hors du trou.
Ils jaillirent tout les deux du trou, Dewiit courant dans une direction opposée au village. Martin prit le temps de lancer sa grenade à travers le nuage de fumée et se mit à suivre Dewiit. Au bout de quelques pas il entendit l’explosion, se retourna et finit sa cellule en direction des ribbleurs. C’était pour faire penser à un assaut, afin que les boumlandeurs restent un peu plus longtemps caché dans leur coin.

Les deux soldats s’éloignèrent dans la plaine, espérant mettre assez de distance entre eux et l’usine.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMer 24 Jan 2024 - 23:16
Le palpitant de Lenny ne se calmait plus, la mécanique tournait à 200 battements par minute. Mais à peine à couvert, il fallait repartir en courant, sur les ordres virils du Lieutenant. Lenny n'avait pas le temps de souffler ni de récupérer.
La prénommée Bertin, une espèce de lesbienne masculiniste complètement clichée dans son genre, ordonna la fuite, et Lenny trouva que ce n'était pas une mauvaise idée que de quitter ce bourbier où ils s'étaient tous enterrés.
Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire avec son coutau contre des grenades incendiaires, des armes à feu, et des lance-flammes de toute façon ? C'était complètement fou, ici ! Et Lenny n'était pas prêt pour ça.
Il s'élança aussi vite qu'il pouvait à la suite de sa baby-sitter, mais même équipée et encombrée, cette gazelle coupée d'ourse bodybuildée camée au buffout lui mettait une sacrée longueur dès le départ, et il peinait à la suivre, essoufflé et en sueur.
L'adrénaline et la peur lui donnait la force de continuer, mais pas celle d'articuler le moindre mot.

Lenny était un vrai boulet, simple spectateur qui subissait les évènements. Pas le temps de penser à ça, pensa t-il, faut que je me tire de là !

Bertin se jetait au sol, épaulait, observait, se relevait, et repartait comme de rien, elle zigzaguait avec facilité et rapidité, pendant que Lenny courrait à perdre haleine derrière, en ligne droite, fourbu.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 30 Jan 2024 - 11:37
Tout le monde se rejoignit au village. Par miracle, et aussi par l'intervention héroïque de Martin, personne n'avait été blessé. Les ribleurs, semblait-il, n'avaient pas poursuivi les fuyards, mais ils devaient bien se douter d'où venait les troupes de la Légion, les seules à utiliser ces redoutables armes lasers.
Le lieutenant Martin regroupa les siens autour de lui, résumant la situation à ceux qui n'étaient pas là. Maintenant qu'ils avaient fait les repérages, ils allaient pouvoir passer à l'action. Mais il ne fallait plus compter sur l'effet de surprise, les ribleurs allaient s'attendre à une nouvelle offensive, à moins qu'ils ne passent à l'attaque avant les légionnaires.
- Et l'otage ? Vous ne l'avez pas repéré ? Demanda l'un des soldats.
- On a pas pu s'approcher à cause de... l'autre là...
- Vous ne craignez pas pour elle ? Elle risque pas des représailles ?

C'était une possibilité, peut être même qu'elle était déjà morte.
Malgré tout, il fallait déloger ces ribleurs.
La prospection avait apporté quelques indices sur leur forteresse : une tourelle automatique à l'entrée, des armes incendiaires et des pétoires de fortunes pour les ribleurs, on pouvait passer par les toits ou bien emprunter l'ancien système de canalisation pour entrer. Au moins ils étaient débarrassés du radcaniche.
- Qu'est ce qu'on fait lieutenant ? On tente un assaut ?
- Et la diplomatie ? Personne n'y a pensé ? Si on leur demande de partir gentiment ?

C'était dit comme une boutade mais ce n'était pas si bête que ça. La légion avait un fort potentiel dissuasif, peut être même que les ribleurs de ce Charbon-Ardent avaient déjà déguerpis ailleurs.
Pour un assaut, Martin manquait d'information, notamment sur le nombre de ses ennemis qui restait à déterminé. Mais dans le village, il y avait des gaillards qu'on pouvait équiper pour servir de renfort s'il se décidait à ordonner l'attaque.
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 30 Jan 2024 - 21:10
Martin et Franck n’avaient pas été suivis par les boumlandeurs. Ils avaient mis plusieurs heures à rentrer au village, faisant des pauses et se cachant dès que le moindre bruit inquiétant se faisait entendre.

Ils arrivèrent de nuit, face à un Dumas qui commençait à somnoler. Ce dernier faillit leur tirer dessus. Il se fit engueuler par le sergent Burone, réveillé, comme le reste de la troupe, par le bruit provoqué par l'altercation. Une partie du village vint aussi voir ce qu’il passait, craignant l'arrivée des ribleurs. Martin fut soulagé de voir que Bertin et Lenny étaient rentrés sain et sauf.
Ils firent leur débrief au reste de l’escouade, Bertin gribouilla un plan de ce qu’elle avait pu voir de l’usine avec la tourelle, les tireurs de précisions sur le toit ainsi que les canalisations.

Bon vous avez le topo. Ils savent qu’ont les a attaqué, avec un peu de chance ils ne se doutent pas que c’est la Légion, mais ça m’étonnerait.
- Vu ce qu’ont leur a mis c’est sûr qu’ils savent qu’on arrive.
- Merci soldat. Ça peut être le cas, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient.
- Et l'otage ? Vous ne l'avez pas repéré ? Demanda l'un des soldats.
- On a pas pu s'approcher à cause de... l'autre là...
- Vous ne craignez pas pour elle ? Elle risque pas des représailles ?
- Très bonne question. Pour tout vous dire je n’en sais rien, c’est pour ça qu’on doit agir vite.
- Qu'est ce qu'on fait lieutenant ? On tente un assaut ?
- Et la diplomatie ? Personne n'y a pensé ? Si on leur demande de partir gentiment ?
- Taisez-vous !”


Le sergent avait repris la main, Martin allait intervenir mais la fatigue se faisait sentir. Les soldats se turent. L’ambiance était lourde. Dewiit était encore excité de l’action, les deux D n’attendaient que ça. Bertin et Grandieux ne disaient rien mais Martin savait que l’éclaireuse n’avait pas apprécié l’échange de coup de feu de tout à l’heure. Quant à Julie… L'infirmière, même si c’était un soldat expérimenté, n’avait pas forcément envie d'utiliser ses compétences de médecine de combat. Les cicatrices des événements Bastion étaient encore fraîches.

Le lieutenant était un peu perdu. La meilleure idée aurait été de tenter un assaut, direct depuis l’extérieur et avec une force de frappe par les canalisations pour sécuriser l’otage et infiltrer l’ennemi depuis l’intérieur. Sauf qu’ils n’étaient pas assez nombreux, ni n’avaient assez d’informations sur le nombre d’ennemis.
Il prit une gorgée de sa gourde, la deuxième celle avec l’alcool produit par les paysans autour des rives de la Loire.

“D’autres propositions ?”

Personne ne parla, l’interjection du sergent et l’air agacé de leur chef leur suffisait. Ils restaient des soldats de la Légion : loyauté à la République, obéissance au chef, courage au feu. Le départ de Bastion, et la garnison à Saint-Jean leur avait laissé un peu plus de liberté qu’à l’habitude.
Le lieutenant s’alluma une cigarette, prit une bouffée et se replongea sur le plan.

“Bon. L’objectif principal est la sécurisation du village, donc l’élimination de la bande de boumlandeurs. Si on peut sauver l’otage, à condition qu’elle soit encore vivante, ce sera du bonus pour la République.”

Il ne parla même pas de tous les ramener vivants, c’était les risques du métier. Martin pointa du doigt les canalisations.

“On pense qu’elles arrivent directement à l’intérieur. On pourrait monter un assaut depuis là, mais pour ça on a besoin d’une diversion. Sauf qu’on est pas assez nombreux pour tenir sur deux fronts.”

L’idée avait pointé son nez, en armant quelques gars du village ils pourraient faire illusion et assiéger l’usine.

Le problème c’est la tourelle. Elle va massacrer tout le monde à l’extérieur si on y va pas discrètement.
- Je pensais qu’on montait à l’assaut.
- Oui et non. Une équipe, composée de moi-même et des deux D, va s'infiltrer depuis les canalisations. Une deuxième équipe, le sergent, Colin et Dewiit, va quant à elle le faire de face pour désactiver la tourelle et faire sauter la porte principale. Bertin vous les soutiendrez depuis les hauteurs. Grandieux vous restez avec elle en support.
- Ensuite on se replie et on tire.
- Oui, mon équipe va s’infiltrer à l’intérieur dès que vous les aurez occupés. L’objectif sera de les maintenir occupés jusqu’à ce qu’on repère et sécurise l’otage. Une fois fait, qu’elle soit en sûreté ou morte, on continuera l’attaque depuis l’intérieur. Ça devrait les ébranler suffisamment pour que vous puissiez les prendre en tenaille. On armera quelques gens du village pour nous soutenir, ça leur permettra de prendre confiance en eux et avec un peu de chance on aura un noyau solide pour avoir une milice ici et plus avoir à réagir.


Tout le monde avait compris le plan, sauf la partie sur l’armement des villageois. Certains dans le groupe pensaient qu’ils étaient là pour attirer les tirs à la place des légionnaires.  Martin n’avait pas dans l’idée d’en faire de la chair à canons. Ils resteraient en arrière, on leur filerait quelques flingues pour faire de la masse de tir. Son escouade serait la pointe de l’assaut et la seule force de frappe dans l’usine. Mais en voyant Lenny il avait compris qu’il fallait mieux les avoir bien avec eux et bien encadrés. Sinon ils seraient dans leurs pattes.

“On lancera l’assaut demain, juste avant la nuit. Ils auront le soleil dans les yeux. Ce soir reposez-vous, on change rien à nos routines de surveillance tout de même. Sergent, récupérez tout l’équipement qu’on a en trop, ça servira à armer les volontaires. Demain matin vous nous en trouverez quelques uns et vous me les emmenerez pour que je les briefe. Rompez.”

Les soldats saluèrent et allèrent prendre leur poste. Martin finit sa cigarette et alla se coucher, la journée avait été longue et demain le serait tout autant.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Qui vole un œuf, vole une brahmine Qui vole un œuf, vole une brahmine EmptyMar 30 Jan 2024 - 22:56
Lenny avait été humilié publiquement, et snobé proprement par l'ensemble des soldats et des villageois. La rumeur s'était répandue plus vite qu'une traînée de poudre : l'échec de l'opération de sauvetage incombait entièrement à ce jeune adolescent inconscient qui avait mis la vie de tous en danger. On lui jetait des regards torves et plus personne ne lui adressait la parole. Il sentait tout le poids d'une lourde injustice peser sur lui, et personne n'avait souligné son exploit de s'être débarrassé à lui seul d'un adversaire canin coriace et dangereux. On ne le voyait encore que comme un boulet.

Lorsque les villageois furent choisis pour participer au raid, il s'imagina que Martin lui donnerait une seconde chance en appuyant sur son courage pour une première bataille contre des vrais ennemis, mais au lieu de ça, il resta muet, et Lenny dut se résoudre à sa position de boulet à peine bon à garder le stock de fléchettes au troquet.

Il fulminait intérieurement. Il avait joué de malchance, c'est tout ! Et par dessus tout, il n'avait eu qu'un pauvre couteau comme seule arme ! S'il avait eu un fusil laser, comme les autres, il aurait été bien plus efficace. La frayeur de la journée était passé, et il ne restait plus que de l'amertume et du regret. Il ressassait et ressassait en silence, puisque de toute façon, personne ne souhaitait lui parler, ni même être vu avec lui. Il était encore une fois le pestiféré du groupe, un rôle qui lui collait à la peau depuis toujours.

Mais plus il pensait, et plus il se disait qu'il allait leur couper l'herbe sous le pied, à tous ces nuls. Il allait l'accomplir sa saloperie de mission, avec ou sans eux ! De toute façon, il n'était pas prévu qu'ils soient là, au départ. C'était une pure coïncidence, et Lenny pouvait très bien se débrouiller tout seul ! Parfaitement !

Alors que les soldats et les veilleurs avaient pris leur quart pour la nuit, la plupart du village était endormi. Les autres étaient somnolents, ou surveillaient attentivement l'horizon. Il n'y avait aucune raison de surveiller l'intérieur de la bourgade, et Lenny en profita pour commettre son larcin, subtilisant un fusil laser chargé avec une cellule à fusion, un paquet de biscuits secs, ainsi qu'un marteau à panne ronde. Il n'y avait le nom de personne dessus.

Profitant du voile de la nuit, il quitta le village par l'entrée d'où il était arrivé, dans la direction opposée à son objectif. C'était moins surveillé. Il fit un long détour, pour contourner les veilleurs, sans faire de bruit ni de lumière. Le fusil laser était éteint et emmitouflé dans son écharpe pour qu'il n le trahisse pas.

Sur le chemin qui menait à l'usine, il hésitait encore sur le plan pour lequel il allait opter. S'infiltrer par les canalisations lui semblait envisageable, mais user de la ruse aussi. Il pourrait se présenter à la porte en tant que mercenaire, et informer les ennemis qu'une troupe de la Légion se massait à leurs portes, nombreuse et sur-équipée... Que l'escarmouche d'hier n'était qu'un peloton de reconnaissance, et qu'ils allaient maintenant envoyer les gros durs. Peut-être qu'ils déguerpiraient. Ou alors ils le tueraient sans sommation. Ou alors il le prendrait en otage pour le torturer. Plus il y pensait, plus le plan semblait mauvais, mais s'infiltrer seul dans la tanière du surmulot était peut-être possiblement encore plus hasardeux.

L'usine était en vue. Les canalisations aussi. L'aube n'était pas encore arrivée, mais à l'horizon, la nuit s’éclaircissait. D'ici quelques minutes, les premiers rayons du soleil dissiperaient l'obscurité déjà moins impénétrable.

Il marqua un temps d'arrêt et sorti une capsule de sa poche. Encore indécis, il chuchota pour lui-même : creux, je tente de les amadouer. Face, je prends le tunnel. Il la jeta en l'air et la fit tournoyer avant de l'attraper au vol, et de la plaquer dans la paume de sa main.

Creux.

Son estomac se contracta, il avait comme une énorme boule à l'intérieur. L'autre résultat lui allait mieux finalement... Mais jamais Lenny n'avait contredit la capsule à ce petit jeu.

Il avança, le fusil en bandoulière dans le dos, le couteau glissé dans la ceinture, les mains vides, pour ne donner aucune raison de tirer. Il s'abrita précisément là où la veille, Martin l'avait traîné comme un sac de pomates avant de lui administrer plusieurs claques costaudes.

Il était à portée de voix. Il mit ses mains en porte-voix, derrière son abri de fortune, et cria d'une voix forte qui masquait son manque d'assurance :

" HOLA ! BOOMLAND, JE VIENS SEUL ET EN AMI ! JE VIENS PARLER A CHARBON-ARDENT ! NE TIREZ PAS ! "
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Qui vole un œuf, vole une brahmine
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