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Ibrahim Meunier
Ibrahim Meunier
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MessageSujet: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMar 16 Jan 2024 - 19:29
La Communauté, un réseau de campements situés au nord de l'ancienne capitale française. Située entre Fort dole et le Colisée, ces quelques rues sécurisées sont devenues un lieu de passage et de repos d'un grand nombre de pèlerins. Quatre campements, pour être exact, reliés entre eux par des rues délabrées. Celui le plus au nord se trouvant même hors de la ville, tandis que celui au sud ayant été construit dans la partie supérieure d'un immeuble. Chacun fait sa part, entre agriculture, récupération, élevage et petits commerces, et sa petite centaine d'habitants a su, finalement maintenir un havre de paix, non pas sans l'aide du soutien des autorités locales ou en payant la mafia souterraine pour empêcher les brigands de s'intéresser sérieusement à eux.

Ibrahim ne se souvient que de la Communauté, contrairement à ses frères ainés qui participèrent au voyage jusqu'ici. Une petite vingtaine d'années que le campement vit et survit au jour le jour, jusqu'à être arrivé à maintenir un équilibre économique suffisant pour enfin, quelque peu, laisser aux plus jeunes l'occasion de se détendre, de faire la fête et de socialiser.

Ce soir, c'est dans la Communauté Est que les réjouissances se feront. A cette époque, c'est presque tous les soirs qu'un jeune organise une petite sauterie, au grand damn des plus vieux qui eux, n'ont pu profiter de ce luxe. Voir des jeunes s'amuser, boire, manger, écouter de la musique. Quelle idée. L'avenir était bien sombre à leurs yeux. Mais pour ces jeunes, les geignards ne sont que de vieux grincheux frustrés et jaloux. Eux sont heureux d'avoir des amis à retrouver après une dure journée de labeur, ou une mission risquée. Certes l'alcool est mauvais, la bouffe est miteuse, et les tubes ont été entendu une centaine de fois déjà. Mais c'est là le meilleur moyen d'oublier la misère de leur quotidien, du quotidien qu'est celui d'un monde post-apocalyptique.

Leur communauté se trouve dans un ancien square. La fontaine a été reconvertie en fontaine d'eau à peu près potable, et les barrières entourant le square servent de défense naturelles, renforcée avec des barrières en taule et des barbelés. Les habitants, eux, vivent dans les logements à proximité, débarrassés de leur menace. Du moins ceux ne s'étant pas écroulés à cause du temps, ou n'étant pas utilisés pour le stockage ou la surveillance.

Ibrahim a retrouvé Anne et deux amis au portail. Celui qui donne vers la grande rue en croix dont chaque extrémité mène à l'un des campements de la communauté. Les bâtiments entre ont déjà été vidés de leur contenu d'avant-guerre. Maintenant, ils ne servent qu'à la surveillance des allers et venues. A pied, il faut une vingtaine de minutes pour rejoindre le campement d'en face. A l'époque, ce n'était rien. Mais dans la zone à risques, vingt minutes sont suffisantes pour y laisser sa peau. Voilà pourquoi avoir des rues sécurisées est un privilège à préserver. Les vieux le savent, les jeunes semblent l'oublier. Ils ont grandi dans cette forme de sécurité bancale, et pensent que cela ne changera jamais. Il faut toujours une génération ou deux pour que la corruption ne débute, et que ne baisse la garde qui fera tout tomber.

Mais ce ne sera pas ce soir. Non, ce soir, on traverse la rue, on rit, on chante, on se retrouve. Déjà, Ibrahim est arrivé dans le campement Est. Sur le parcours, ils ont salué l'un des gardes postés à l'une des fenêtres. Ils ont ignoré la vieille Paulie, toujours grincheuse, qui revient de son habituelle visite du jeudi après-midi chez sa fille du campement sud. Anne fait remarquer :

"Ca m'impressionne quand même. Elle tient à peine debout, et elle continue d'aller dans le campement sud ..."

Car oui, le campement sud est le plus exposé et le moins populaire des quatre campements de la Communauté. Il est la porte d'entrée direct dans Paris et donc le plus sécurisé. Les gardes contrôlent les entrées et sorties, notent les noms et les visages. Mais surtout, ils stoppent les infestations. Parfois une bête ou une goule égarée et déchainée. Et parfois, il s'agit d'un petit groupe de bandits ayant cru d'outrepasser les règles instaurées par la mafia. Le danger y est omniprésent, et il n'est pas rare qu'une victime ne soit déplorée une fois par mois. Vite remplacée par un volontaire, ou un désigné.

Ainsi oui, il est impressionnant de voir la vieille Paulie s'y rendre, tant d'autres craignent d'y mettre les pieds. Car la Communauté Sud rappelle à tous combien leur sécurité est délicate. Ibrahim la regarde s'éloigne, et sourit, d'un ton moqueur. La vieille Paulie les a insulté en les croisant. Sa manière de dire bonjour, et elle continue de vociférer encore au loin.

"Tu sais que lorsqu'elle est là-bas, le risque d'invasion est réduit."

Blague t'il dans un ton qui pourrait pourtant être sérieux. Anne lui donne un coup sur le torse et l'insulte affectueusement. De bonne humeur, ils arrivent à la soirée.
Ce soir, c'est dans le toit de l'une des vieilles baraques que ça se situe. La communauté Est ressemble à celle de l'ouest, mais elle ne s'est pas construite autour d'un square, mais dans un quartier résidentiel, possédant deux, trois commerces aujourd'hui dissous. Le vieux restaurant a été repris, ainsi que l'épicerie, mais hormis cela, ce ne sont que des logements pour des survivants. Chaque étage de chaque maison sont départagés entre les habitants et familles, les cuisines, salons et salles de bains servant de lieu commun pour les résidents de chaque bâtiment. De l'extérieur, il est possible d'entendre le boum-boum quelque peu musical résonner à travers la fenêtre. La petite sauterie est organisée par un certain Jonathan, un presque trentenaire qui adore mettre l'ambiance.

Le petit groupe d'Ibrahim entre dans la pièce où des canapés sont disposés ça et là. Ils saluent ceux qui sont déjà là, ceux qu'il reconnait, et faisant mine de reconnaitre les nouvelles têtes. Car il y a toujours une nouvelle tête. Le copain d'un copain, ou un pèlerin cherchant un moment d'évasion. Une fois les embrassades faites, Ibrahim dépose le contenu de son sac. Une table ou deux servent à accueillir l'alcool apportés par les invités. C'est la tradition. L'organisateur ne fournit rien si ce n'est l'endroit, les autres doivent apporter les consommations, tel une offrande. Trois, quatre bouteilles de bière au goût que l'on qualifierait d'infect à l'époque, mais que tous supportent, voir apprécient lors des soirées.

"On a tout le toit, ... mais si t'as envie d'un moment plus ... Hmmmm, tu vois quoi ... tu peux aller en bas ..."

Lui fait savoir un résident de la maison, déjà alcoolisé, en lui assénant un petit coup de coude complice. Ibrahim lui sourit, et dit dans son oreille, d'un ton élevé tant il est difficile de s'entendre avec le brouhaha musical :

"Merci, mais chuis rangé mec je te rappelle."

Il montre Anne d'un signe de tête, cherchant à rappeler à son interlocuteur qu'il est sérieux, aujourd'hui. Il verse le contenu d'une bière dans deux verres, et se rapproche d'Anne au final, lui en tendant un. Ils trinquent et commencent à boire en observant les festivités, attendant que l'alcool commence à faire son effet pour profiter au mieux de l'ambiance.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMar 16 Jan 2024 - 20:49
Lenny était revenu parmi les siens un peu changé. Son expérience du monde extérieur avait été formatrice, au bas mot. Il avait en fait, pour être plus exact, risqué sa vie à peu près chaque jour, parfois plusieurs fois par jour. Il y avait d'abord eu ce champs de mine dominé par un sniper, la faim, les Ribleurs, un lieutenant de la Septième aussi séduisant que va t-en guerre, du pâté périmé (clairement pas son histoire la plus glorieuse), la maladie, des insectes mutants, des chiens affamés... Bon, d'accord, il s'était contenté de fuir et d'avoir plus de chance que de mal la plupart du temps. Mais même s'il n'était pas devenu un héros, il était bel et bien devenu un survivant, bien conscient désormais de la valeur de la sécurité d'un foyer, d'une communauté soudée, et d'amis fidèles. Il avait mûri. Même si cela n'ait eu aucune incidence sur sa côte de popularité, et qu'il soit resté paumé dans sa vie. Peut-être même encore plus paumé qu'avant d'être parti de chez sa mère.

Lorsqu'il était revenu, il n'avait que quelques capsules en poche. Il était allé rendre visite à sa mère, qui ne lui réserva pas l’accueil qu'il escomptait secrètement. Bien que ravie de le revoir, sa chère mère ne devint pas la mère poule surprotectrice envers son enfant chéri qu'il aurait rêvé qu'elle soit, après son dangereux périple. Il avait imaginé qu'elle se confondrait en excuses, fondrait en larmes, le serrait fort pour ne plus jamais le laisser partir, en lui disant de ne plus jamais l'abandonner, de ne plus jamais fuguer comme il l'avait fait.

Au lieu de ça, elle avait simplement sourit, et s'était affairée à chercher dans des placards presque vides de quoi manger pour deux, en commentant à quel point ça devenait dur de vivre dans cette communauté. La réalité frappa Lenny, maintenant mieux conscient des choses : il ne pourrait pas rester et s'imposer à sa mère. Elle n'était tout simplement pas capable d'assumer cette charge supplémentaire. La conversation fut étrange, chacun prit des nouvelles l'un de l'autre, mais les non-dits continuaient de planer. Lorsque le repas fut terminé, et un peu pousser par sa mère qui lui suggéra d'aller voir Olga, son amie d'enfance, Lenny quitta la bicoque tordue. Dans une dernière embrassade, à la porte, sa mère lui dit à l'oreille qu'elle était fière de lui, et de bien faire attention. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour lui, et il le savait. Il arpenta les couloirs étroits qui servaient de rues dans ce minuscule endroit qu'il considérait toujours comme sa communauté pour retrouver Olga chez elle. Il avait le cœur gros.

* * *

Olga s'occupait à tabasser des morceaux de ferrailles pour leur donner une forme différente que celle dont la nature les avait bénies, dans un tonnerre fracassant mais néanmoins rythmique. Elle était accroupie devant son ouvrage, des lunettes de soudure serrées autour de sa chevelure, un casque antibruit sur les oreilles. Elle ne l'avait pas vu arrivé.

" Qu'est-ce que tu fabriques ? " cria t-il pour couvrir le bruit.
Elle s'arrêta immédiatement et se retourna, en relevant ses lunettes, comme si elle n'en croyait pas ses yeux. La joie fit place à la surprise, et elle bondit comme un diable à ressort, son marteau encore en main, pour lui sauter au cou.
" Laine ! Je suis si contente de te revoir ! J'étais inquiète ! "
Si seulement sa mère avait pu réagir de la même façon. Il sourit néanmoins, ravi d'avoir au moins manqué à quelqu'un.
" Je m'en suis tiré, et tu me manquais trop, je voulais te revoir. "
Elle se recula un peu.
" Tu as changé, on dirait. Tu as l'air plus sérieux. "
Son expression restait indéchiffrable pour Lenny. Il resta silencieux un moment, se demandant ce qu'il devait penser de cette réflexion, puis il reprit, préférant ne pas savoir :
" Alors ? Qu'est-ce que tu fabriques ?
- Oh, ça ?! J'ai décidé de devenir artiste ! Je veux rendre ce monde plus beau ! Je veux fabriquer des sculptures !
- Qui va t'acheter ça ?
- Acheter, acheter, acheter... Il n'y a pas que l'argent dans la vie ! Il faut faire ce qui nous plaît ! J'en ai déjà vendu une, en plus. Deux cents capsules ! Et oui ! "
Elle avait un air fanfaronnant.
"Un chasseur de primes qui voulait une sculpture pour la tombe de son partenaire... Bon, j'espère que ce ne sera pas mes seuls clients, c'est un peu sinistre. J'ai pas envie de finir croque-mort, je veux être artiste, moi...
- Je suis content pour toi."
Il le pensait vraiment.

La conversation s'anima, et les grandes retrouvailles étaient lancées. Il fut décidé - sur l'impulsion exubérante d'Olga - d'aller déloger Luis et Esteban pour prendre un thé fermenté. Les retrouvailles continuèrent, une bouteille de vin de noix artisanale qui réchauffait l’œsophage comme du feu fut ouverte et rapidement vidée, et puis quelqu'un proposa de se rendre au quartier Est, où il y avait une fête. Olga bondit de joie, et le quatuor des ratés cramponnèrent deux bouteilles de plus pour ne pas venir les mains vides, alors que Lenny dépensait une partie de ses capsules dans du Whyskas, la spécialité locale. Un affreux tord-boyaux à la conception douteuse. Bien que ressemblant au whisky, le goût était également fortement salé, et dégageait une odeur de putrescine qui ressemblait à la nourriture pour chien.

Esteban et Luis marchaient de chaque côté, et Olga et Lenny occupait le centre. Lenny n'avait pas vraiment envie d'aller à cette fête, mais il avait envie d'être entouré de ses amis. Et si aller à cette fête leur semblait être une bonne idée, alors il se prêterait à l'exercice. Ses deux amis entrèrent dans la fête. Olga, qui avait cette sensibilité typiquement féminine, cette sorte de don pour lire les pensées, arrêta Lenny juste avant d'entrer, en lui passant un bras sous le sien. Son regard semblait tout savoir de lui.
"Merci d'être venu. Je sais que tu n'aimes pas trop les fêtes. Mais on n'a plus douze ans, on va s'amuser, d'accord ?"
Il se sentit plus courageux face à l'obstacle. Il n'allait pas fuir cette fois. Il lui était reconnaissant.
" Oui. Merci Olga."

Ils entrèrent.
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Ibrahim Meunier
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMar 16 Jan 2024 - 21:54
La soirée battait son plein, et c'était à se demander comment autant de personnes pouvaient tenir dans cette pièce. Il y avait de l'ambiance, et jusque maintenant, miracle, personne n'en était encore venu aux mains. Mais chez Jonathan, beaucoup savaient qu'en arriver là signifiait être jeté dehors pour finir ce qui avait été commencé. Une fois calmés, les fêtards avaient le droit de revenir, la gueule parfois défigurée.

Ibrahim était assis dans un canapé avec un vieil ami qui prenait toujours autant plaisir à écouter ses récits de récupérateurs. Anne l'avait abandonné pour aller jouer à une variante du bière pong avec d'autres fêtards. Le rouquin narrait l'une de ses dernières aventures en mimant les gestes avec ses bras et ses mains, faisant vivre le récit. L'alcool aidait à énergiser les mots.

"Une ouverture pas plus grosse que ça dans le mur. Impossible de passer. Les insectes se rapprochent à toute allure. Les deux autres récupérateurs se sont barrés à toutes jambes. Moi, je me penche, et je me faufile comme un diable jusqu'à réussir à traverser. Ces saloperies de cafards étaient déjà en train d'essayer de me dévorer la jambe. J'en ai fait de la chair à pâté avant de me barrer. Les mecs, je les ai retrouvé le lendemain, ils en croyaient pas leurs yeux. Pour eux, j'étais déjà mort et enterré. Un peu plus, et ils croyaient que j'étais revenu d'entre les morts."

Il mima un signe de prière en se marrant. Dans les terres isolées, les religions d'antan n'avaient plus de sens. Ce n'étaient devenues que de vieilles légendes qui avaient perdu leur sens. Car après tout, quel déité pouvait permettre une telle chose que cette dévastation.

"Eyh ... c'est pas ... ?"

Fit Ibrahim en tournant la tête vers le nouveau groupe de nouveaux venus. Les autres se tournèrent aussi et reconnurent le groupe de Lenny.

"Ouais, ils viennent trainer en soirée parfois, maintenant ..."

Fit l'un des membres du groupe en finissant sa bière, peu intéressé. Ibrahim les fixa des yeux d'un air un peu narquois et amusé. Il se redressa alors, pour aller les saluer.

"Eyh, mais c'est les p'tits monstres ! Vous êtes assez grands pour venir picoler maintenant ?"

Taquina Ibrahim auprès du groupe de Lenny. Les "p"tits monstres", un surnom qui se voulait plus affectueux qu'autre chose et qui leur collait à la peau depuis qu'ils avaient dix ans. Il était toujours amusant d'observer les plus jeunes passer par les mêmes expériences que les leurs. Tout le monde se connaissait de près ou de loin dans la Communauté.

Il leur tendit à chacun une bière, comme pour leur souhaiter la bienvenue. Quand le regard d'Ibrahim s'arrêta sur le dernier, il stoppa net, comme s'il vit un fantôme :

"Eyh mais c'est Lenny ... je pensais que tu avais été dévoré par les cabots."

Il posa sa main sur son visage entier. Certains prendrait cela comme du mépris, mais c'était plus de la taquinerie de grand sur un plus petit. Ibrahim oubliait parfois qu'avec l'âge, certains gosses appréciaient de moins en moins cette innocente condescendance.

"T'aurais pas un peu grandi d'ailleurs ?

Il sentit une tape sur son crâne et le jeune homme recula sa main. C'était Anne, qui intervenait au secours des nouveaux :

"Laisse donc respirer les gosses."

Elle les regarda d'un oeil circonspect un instant :

"Vous venez pas les mains vides au moins ?"

Ca arrivait souvent avec les plus jeunes. Ils venaient siroter l'alcool, sans rien apporter en échange. C'était une chose bien mal vue. Une fois le court malaise passé, elle ajouta, d'un air complice et un peu nonchalant :

"Bon, qui ici sera capable de jouer dans mon équipe ?"

Elle désignait le jeu de bière pong auquel elle avait participé. Chaque équipe avait ses bouteilles avec des capsules dessus. Il fallait envoyer une balle sur chaque capsule et les faire tomber. Chaque capsule tombée revenait à l'équipe. Le jeu finissait quand une équipe n'avait plus de capsules en jeu, et chacun se départageait ce qui avait été gagné, les vainqueurs remportant également les capsules encore en jeu.

"Par contre, je vous préviens, vous misez vos propres capsules ..."

Chacun y mettait de sa poche. Ibrahim observait en silence et en souriant, laissant sa petite amie parler. Il regarda le groupe de jeunes avec curiosité. C'était toujours amusant de voir les plus jeunes participer aux soirées, s'aventurer dans la découverte des alcools et tester leurs limites.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMar 23 Jan 2024 - 0:25
A peine entrer, et malgré les encouragements d'Olga, Lenny regretta immédiatement. Il y avait trop de gens, le poste de radio était branché sur une station qui bouclait sur huit titres, et Lenny n'avait jamais été un poisson dans l'eau dans les groupes sociaux, et ce depuis sa plus tendre enfance où il avait fait office de punching-ball pour tous les gamins du quartier.

D'ailleurs, un de ces gamins qui avait grandi s'approcha négligemment, accompagné de sa copine, une fille populaire que tous les garçons de son âge et même parfois d'un autre âge aimerait glisser dans leur lit.
"Eyh, mais c'est les p'tits monstres ! Vous êtes assez grands pour venir picoler maintenant ?"

Comment s'appelait-il déjà ? Meunier ? Il tendit ses deux mains qui tenaient chacune deux bières aux nouveaux arrivants. Chacun se servit. Lenny hésita. Ils avaient déjà bu un peu dans l'après-midi, et il ne voulait pas se donner en spectacle.

"Eyh mais c'est Lenny ... je pensais que tu avais été dévoré par les cabots."

Et aussitôt, les embrouilles commencèrent. Le grand l'agressa en le toisant de haut, lui écrasant sa main crasseuse sur la tête, comme pour lui rappeler que c'était lui qui commandait ici, que même si leur enfance était soumis, c'était toujours lui le plus fort, lui le plus grand, lui le plus populaire, et que tout les deux avaient besoin de le savoir maintenant. Le comportement typique des petits harceleurs dans son genre, qui en grandissant devenaient des sales cons, mais encore plus dangereux. Lenny grimaça et Olga réagit.

"T'aurais pas un peu grandi d'ailleurs ?
- Lâche-le ! Si tu es là pour faire ton gros dur, on veut pas de toi, ni de tes bières !
- Laisse donc respirer les gosses, reprit son amie, et le grand benêt retira sa main. Lenny lui jeta un regard assassin, humilié.
-Vous venez pas les mains vides au moins ?
- Non, on a ce qu'il faut, clama fièrement Esteban en sortant les bouteilles qu'ils avaient emmenées.
- Bon, qui ici sera capable de jouer dans mon équipe ?
- On relève le défi, nous quatre, contre toi et ce grand con de Meunier. On va vous mettre la pâté !
- Trouvez vous deux autres joueurs si vous vous sentez pas de taille face à nous quatre d'un coup, compléta Luis, provocateur et railleur.

Lenny sourit, bien content d'avoir le soutien de ses deux amis. Plus jeune, ils détournaient le regard et s'enfuyaient lâchement quand les grands s'en prenait à lui. Impuissants et lâches face à l'adversité, ils avaient depuis mûris et grandis, pris en carrure et en assurance, et s'étaient habitué à sortir et à sociabiliser, parvenant à laisser les histoires du passé dans le passé. Lenny aurait aimé avoir autant de caractère qu'eux, mais il n'était qu'un introverti solitaire.

Enfin, il savait quand même comment jouer à ce jeu. Il fallait jeter la balle dans un gobelet. Rien de bien sorcier. Les perdants étaient pénalisés par des gorgées à boire. Un jeune aussi bête que simple.

Attirée par l'atmosphère électrique comme des tiques sanguinaires par une brahmine blessée, la foule avait commencé à former un cercle d'observateurs autour de l'altercation. L'organisateur de la soirée, secondé par son ami avec qui il faisait depuis toujours les 400 coups, prit la parole fortement, comme un présentateur dans les arènes de combat :
" Hola, hola, messieurs-dames ! Très bonne initiative de régler vos différents par le jeu plutôt que par les poings ! Mais ici, il y a des règles ! Le défi en équipe mérite des consignes claires !
- Premièrement,
continua son acolyte, vous devez être autant dans chaque équipe !
- Deuxièmement, vous vous affrontez avec un seul jeu de gobelets par équipe MAIS :
- Il est interdit de partager les gorgées en équipe ! Celui devant la table boit la pénalité !
- Il est interdit de sauter son tour...
- ...ou de changer l'ordre de son tour !
- Vous affronterez donc chacun un adversaire, toujours le même, en duel, et alternez vos tours de jeu avec vos coéquipiers.
- Tous les joueurs de chaque équipe doivent se tenir DERRIÈRE LA TABLE, tout franchissement de ligne est pénalisé d'une gorgée de Whyskas pour toute l'équipe, sans retirer de verres supplémentaires, c'est du bonus.
- Enfin, les tirs avec rebond sont autorisés
- Ils font boire deux verres au lieu d'un seul, l'équipe perdante choisie le deuxième verre, mais attention !
- Après le rebond, n'importe quel joueur de chaque équipe est autorisé à rattraper la balle, même en dehors de son camp !
- C'est la foire d'empoigne ! Il y a parfois des blessures ! C'est ça la beauté du sport !
- L'équipe qui récupère la balle perdue peut attaquer de nouveau.
- Les gobelets sont remplis d'eau, et vous buvez vos coups sur le comptoir.
- Obligé, trop de gens ont renversé la table pendant les actions de récupération de balles. Notez quand même que chaque verre renversé sera pénalisé d'un coup supplémentaire !
- Sans suppression de verre !
- Parfaitement. Nous assurerons l'arbitrage et le commentaire sportif.
- Dernier détail, chaque équipe a le droit, UNE SEULE FOIS PAR MANCHE de demander la reformation de la pyramide des verres quand c'est possible !
- Voilà ! Tout est clair ? Alors trouvez vos partenaires et affrontez vous !"


Un jeune dévoué servait déjà vingt verres sur le comptoir, formant deux mètres de bières, pendant qu'un autre remplissait les vingts gobelets avec de l'eau marronnasse.
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Ibrahim Meunier
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMar 23 Jan 2024 - 19:14
Ils le prenaient mal. Bien sur qu'ils le prenaient mal. Ibrahim avait toujours été du genre à taquiner les plus petits. Parfois, cela pouvait être des remarques un peu stupides, le genre de blagues puériles que les gosses se permettaient. Cela n'avait jamais été bien grave, mais cela marquait les esprits. Enfant, il était aisé de départager son entourage entre les "gentils" et les "méchants". Pour ces jeunes, Ibrahim était un sale type, qui les avait toujours pris de haut avec ses remarques, fait de mauvaises blagues. Et aujourd'hui encore, il continuait de les taquiner. Ils avaient beau devenir des adultes, il se comportait toujours comme s'ils n'avaient que dix ans, et lui quinze. La main sur la figure de Lenny, sans pour autant avoir cherché à lui faire mal, fut le geste de trop. Olga répliqua aussitôt et Ibrahim fit un haut les mains, en souriant un peu :

"Ooooolà cow-girl, du calme. Je me rends !"

Anne intervint avant que le manque de sérieux de son chéri, et l'agacement grimpant des plus jeunes ne finissent par dégénérer. La jeune femme proposa un jeu. N'importe quoi pour que chacun relâche la pression. Cela fonctionna, Olga étant la première à vouloir rétamer d'une manière ou d'un autre le rouquin impétueux. Anne lui fit les grands yeux :

"Olàlà, quel language mademoazeeeelle !"

Elle sembla se moquer un peu d'elle en exagérant son ton de la sorte. Anne lui parlait comme si Olga faisait parti de la haute aristocratie et qu'elle manquait vivement de manières. Puis la jeune femme changea de ton, lui fit un sourire complice, et rajouta :

"Mais c'est vrai qu'il est con."

"Hey, juste ici !"

Fit Ibrahim en se pointant du doigt avec ses mains, faussement outragé par l'insulte proférée devant lui par sa propre petite copine. Il fit un regard aux autres garçons, dont Lenny, faisant d'abord mine d'être agacé par l'humour et la méchanceté gratuite de ces deux filles, avant de se mettre à leur sourire de façon complice, les mettre à l'aise. La nervosité redescendant, laissant peu à peu place à des vannes et des moqueries sans réel fond de méchanceté : pour les plus vieux tout du moins. La rancune pouvait être tenace chez certains.

Le temps de cette courte conversation, le jeu d'alcool avait changé. Fini le bière pong avec des capsules, cette fois, il fallait viser des gobelets à l'aide d'une balle. Le principe était le même, si ce n'est qu'on ne misait plus de capsules. Les perdants ne risquaient que leur foie. L'équipe d'Olga était déjà composée de ses quatre joueurs. Deux autres participants vinrent participer et rejoindre l'équipe d'Ibrahim. Anne fit en sorte de se retrouver contre Olga, qu'elle appréciait. Le hasard amena Ibrahim à se retrouver face à Lenny.

"Comme on se retrouve ..."

Blagua t'il, cherchant à réveiller chez ce petit gars une volonté de le vaincre. L'assemblée commença à grossir autour d'eux, intriguée par ce jeu. Jonathan l'organisateur, ainsi que son ami Pascal expliquèrent les règles. Viser les gobelets remplis d'eaux, un coup à finir trempés par les éclaboussures constantes.

Les échanges commencèrent à se faire. Anne n'était pas mauvaise, parvenant à viser les gobelets. Leurs partenaires étaient un peu moins doués, éméchés par le début de soirée et ne sachant plus viser droit. Ibrahim prit un petit temps d'adaptation, le temps de bien repérer où se trouvait les gobelets et les trous. Il lança sa balle, et parvint à la lancer dans l'un des gobelets au plus loin de lui, et le plus près de Lenny, l'éclaboussant quelque peu. Le rouquin lui fit un sourire pas peu fier :

"Alleeeeeeez monsieur, on boit."

Bien sur, il passa à la moulinette également. Notamment à cause d'un de ses lancers qui fut un poil trop fort, trop maladroit, et heurta par malchance le rebord de chaque verre au milieu de la pyramide. La balle rebondit en l'air sans finir dans un seul des gobelets, mais les renversa tous.

"Oh Put***"

Fit-il en plaçant ses bras autour de son crâne, faussement embarrassé par sa maladresse.
La règle était formelle, il fallait mettre la balle dans un gobelet sans les renverser. La punition ne se fit pas attendre et Ibrahim dut enchaîner les culs-secs tandis que la pyramide adverse était reformée.

Mais il revenait sans cesse, tenant bon l'alcool. Combien de litres avait-il ingurgité jusqu'ici ? Titubait-il ? Si oui, cela ne se voyait pas vraiment. Il mit une nouvelle balle dans un gobelet et ses supporters lui donnèrent des tapes sur le dos et l'épaule. A ce moment, Lenny pouvait voir au sourire et regard totalement amusé de son ainé qu'il était déjà bien alcoolisé.

Hrp : J'espère que ça te convient comment j'ai décrit l'échec et la réussite critique. Pas certain si le fait de renverser des gobelets avec la balle était passible de gage.
Résultat des dés :
Combat : 47/60% de réussite = Plutôt réussi.
Chance = 94/15% de réussite = Echec critique.
Endurance = 8/75% de réussite = Réussite critique.
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Lenny Razevitz
Lenny Razevitz
Fiche : Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMer 24 Jan 2024 - 0:17
[HRP : je pense qu'on aurait pu admettre l'échec et la réussite critique sur 5 et moins et 95 et plus, mais ce n'est pas très important et on n'en avait pas discuté avant.]

La partie avait commencée, et Lenny dût faire face à sa némésis. Son cauchemar. Cet être aux aptitudes sociales supérieures qui savait se faire aimer de tous, au détriment des pauvres bougres comme ce pauvre introverti de Lenny, probablement inverti aussi.
Sans doute par frustration, il désirait ardemment montrer de quoi il était capable, et prendre sa revanche sur ce grand dadais qui jouait de ses charmes de façon ostensiblement provocante.
Il fallait toujours que des Meunier martyrisent des Lenny, dans ce monde. Mais cette fois, il aurait sa revanche !

Lenny avait la rage de vaincre, et, l'alcool aidant au fur et à mesure des verres descendus, une solide camaraderie et un tempérament combattif très viril envahirent les esprits dans chaque équipe. Franches accolades, congratulations, bravades, actions d'éclats, rixes musclées dans le cadre de la partie pour s'emparer de la balle... L'alcool et le jeu jouaient leurs rôles, et les aptitudes sociales de tous le monde se trouvèrent au fil de la partie égalisées. Les intellos étaient plus stupides, les idiots passaient mieux inaperçus ; les timides se sentaient devenir courageux, les plus charismatiques exprimaient mieux leurs faiblesses.

L'esprit revanchard avait cédé la place à un esprit de compétition gaillard, quasiment sportif. Olga, Luis et Esteban se défendaient bien, mais ceux en face n'étaient pas mauvais non plus.
Lenny quant à lui, plongea sur une balle ratée mais se fit brutalement tacler par Ibrahim, qui récupéra la balle en sautant de joie et en exultant sous les vivats des spectateurs. Mais, beau joueur, le grand benêt tendit une main secourable à son adversaire vaincu. Lenny hésita un instant puis la saisit, avec un sourire de connivence.
" Bien joué, mais reste sur tes gardes, la prochaine est pour moi. "

Finalement, la soirée se passait mieux que ce qu'il aurait cru. C'était agréable de se trouver dans cet endroit entouré de ses trois amis. Dans un lieu où il n'y avait pas de soldats va t-en-guerre et de pillards sanguinaires, de mines cachées, et où l'environnement, la faune et la flore ne cherchait pas à le tuer de toutes les manières possibles. C'était juste une bonne soirée, avec des gens venus pour faire la fête de façon inconsidérée et s'offrir une parenthèse dans ce monde où la guerre ne mourrait jamais.

La partie se poursuivit, les verres sur le bar se vidaient, et les convives commandaient des bières pour ne pas finir secs. Jonathan arbitrait et commentait, complètement dans son élément, pendant que la foule alcoolisée s'enflammait à chaque jet. Pascal, derrière le bar, décapsulait les bières à un rythme soutenu, en échangeant quelques mots et quelques rires avec les assoiffés qui venaient à la source. Il glissait ensuite les capsules dans une grande boîte en bois fendue en tirelire et verrouillée par deux cadenas. C'était le Trésor de Guerre, la caisse du comité des fêtes. L'entrée était gratuite, à conditions de venir avec son alcool à soi, et toutes les capsules étaient conservées par les organisateurs pour pouvoir acheter du matériel ou organiser d'autres évènements futurs.

Juste après une action d'éclat de l'équipe d'Ibrahim et Anne qui réduisit le nombre de gobelet restants de l'équipe des "Petits Monstres" à un contre quatre, Lenny eut un éclair de génie. Pendant qu'Esteban buvait avec une grimace son troisième verre et que leurs quatre adversaires sautaient sur place à l'unisson en chantant leur victoire future, Lenny récupéra prestement la balle dans le gobelet d'eau, et la lança avec un rebond, prenant de court l'équipe adverse. Coup de chance, elle tomba dans le gobelet, sous le regard médusé des quatre larrons qui se voyaient rattrapés à deux contre un, mettant un coup d'arrêt immédiat à leurs célébrations. Protestations.

" On était pas prêt ! Il a triché ! Monsieur l'arbitre !
- Non, non, le coup est valide, désolé ! Ibrahim, tu bois un verre, et le deuxième verre bonus pour ce coup d'éclat peut être prit par un autre joueur de votre équipe. "


La rencontre se poursuivit, le suspense était à son comble, surtout lorsqu'Olga marqua un nouveau point contre Anne. Un partout ! L'ultime balle était pour maintenant !
" Concentre toi, Lenny ! Tu peux le battre ! " l'encourageait Luis en lui massant les épaules. Mais Lenny voyait trouble, il voyait le verre en double, voir en quadruple lorsqu'il essayait de régler la focale avec ses deux yeux ouverts. Il décida qu'en fermant un oeil, ce serait mieux, mais ça fait toujours en double.
Le coup fut manqué si bien que la balle ne toucha même pas la table, ni même un gobelet et alla directement sur le torse de son adversaire, qui jongla maladroitement et s'en saisit.

Lui non plus n'était pas frais. Il ferma un oeil, ajusta et lança.

Plouf.

Vivats et déception.

" C'est la fin de cette rencontre ! clama l'organisateur, et on peut féliciter tous les joueurs pour cette partie serrée ! "

Les participants des deux équipes se serrèrent la main, en souriant.

" Belle partie, Mssiur Meunieir. Meu heu on fait la r'vansshe unot' fwa paske la jen peu pu chu tro sou "
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Ibrahim Meunier
Ibrahim Meunier
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyMer 24 Jan 2024 - 1:42
Hrp : On saura pour la prochaine fois ;).

Les balles fusaient, parfois faisant mouche dans une belle éclaboussure, parfois non, s'en allant vagabonder ailleurs pour être rattrapée par un compétiteur. Et lorsqu'il s'agissait de tout donner dans un jeu, Ibrahim n'était pas le dernier. Il s'élança comme un beau diable sur la table, se prenant Lenny qui avait tenté de la rattraper à son tour. Ici, ce fut au plus vif et au plus sauvage qui revenait le mérite de récupérer la petite sphère légèrement rebondissante. Dans son élan et dans sa chute, Ibrahim s'était égratigné le coude. Mais il ignora pleinement la douleur et se mit à rire bêtement, fier d'avoir réussi son coup. Cela en valait-il le coup ? Pour lui oui, et pour les autres également, vus les applaudissements. Il se releva, et aida Lenny à se remettre sur ses pieds. Pris dans le jeu, et l'alcool, le garçon lui fit un sourire fair-play. Il avait la rage de vaincre, et cela plaisait à Ibrahim.

Sa promesse de prendre sa revanche fut tenue bien plus tard durant la partie, alors que tous pensaient déjà connaitre le vainqueur. Lenny parvint un petit coup de maitre, faisant appel à sa chance, pour reprendre l'avantage. L'un des membres de l'équipe d'Ibrahim clama à la triche, protestant plus par principe que par réel mauvais esprit. Heureusement, l'arbitre était là pour trancher immédiatement. Ibrahim alla chercher un nouveau verre et le but d'une traite avant de s'essuyer allégrement la bouche.

Il revint et c'était déjà son tour et celui de Lenny. Il détenait la balle de match. S'il la plaçait, c'en était fini de ce jeu. Ibrahim posa ses mains de son coté de la table, fixant l'ennemi d'un regard et un sourire défiant. Tiendrait-il face à la pression ? Il ne dit mot, se contentant d'observer sans se démonter. Lenny lança la balle, et rata. Les éclats de déception du public résonnèrent.

Ibrahim récupéra la balle qui venait de rebondir devant lui. Il n'avait eu qu'à plaquer ses mains sur son torse pour que s'y dépose le petit projectile. Il la tint et la montra à ses adversaires à deux doigts pour qu'ils comprennent bien que la chance venait à nouveau de tourner. Il prit son temps, se concentra. Il ne l'admettait pas, mais l'alcool aussi rendait sa vue déjà mauvaise, plus instable encore. Au final, son dernier lancé devait plus sa réussite à la chance qu'à un réel doigté. Les spectateurs et les co-équipiers d'Ibrahim se mirent à hurler comme des sauvages en voyant le résultat final. Victoire sur le fil. Le rouquin leva les bras en signe de victoire et se mit à hurler comme s'il venait de terrasser son plus grand adversaire dans une bataille sanglante :

"OUAIIIIIIIIIIIIIIS !"

Puis les rires, les applaudissements, et un peu de fair-play, pour l'allure. Chacun se félicita, se serra les mains, exagérant un peu le ton tant ils allaient tous un peu loin pour un simple jeu d'alcool. C'était pire qu'une compétition sportive de haut-niveau, mais ça amusait toute la troupe. Lenny semblait tenir à peine debout et avait du mal à prononcer des paroles claires, admettant être totalement ivre.

"Ahahah, AH BON ? Je te trouve frais moi. Tu devrais reprendre un verre, ça te fera du bien."

Il le taquinait, encore. Et la soirée continua de plus belle. Après les jeux, la piste se libéra pour laisser place aux danseurs. Anne s'en donna à cœur joie, ainsi qu'Ibrahim qui semblait infatigable. Ces soirées endiablées, ça lui permettait d'oublier les horreurs du monde extérieur. Il donnait toute son énergie à s'amuser et à profiter, à entrer dans un état de transe alimenté par le jeu, la musique et l'alcool. Il faisait ça deux jours durant, puis s'en allait à nouveau dans les rues de la Capitale. A chaque soirée, il y avait toujours quelqu'un qui ne revenait pas, car il n'était plus de ce monde. Ainsi, le but ici était de profiter comme si c'était son dernier jour sur terre.

Puis, à une heure inconnue, probablement deux, trois heures du matin, Ibrahim vint s'affaler dans l'un des vieux canapés un peu moisi. Celui-là même qu'à un instant, Lenny avait utilisé pour s'asseoir également. Allait-il mieux ou était-il toujours aussi ivre qu'il y a quelques heures. Anne continuait à danser, plus infatigable encore que son petit ami. Ibrahim tendit un petit paquet à Lenny, des biscuits secs.

"Ça va te faire du bien."

Lui avait encore une bière à la main. Il en but une gorgée en regardant sa petite amie en train de se trémousser au milieu de cette petite foule. Toujours les mêmes musiques, mais dont le rythme appelait à la danse. Et parfois, Jonathan profitait d'un passage d'une caravane provenant de la Citadelle ou du Colisée pour récupérer quelques morceaux à prix d'or. Un petit silence s'installa, et Ibrahim, éméché, se mit à parler. Seul ? Ou à Lenny, difficile à dire :

"Il y a deux semaines, j'étais à la Lanière ... un quartier un peu plus au sud, pas loin du fleuve, tu connais ptet... Il y avait quelques récupérateurs dans le coin. Moi de la Communauté, des mecs de Terminus, et ces deux types, du Colisée. Je m'était fait pote avec ces derniers, du Colisée et on avait fait un camp dans l'une des vieilles imprimeries. Le coin regorge de lieux à piller, donc on s'était partagé les zones, inutile de se tirer dans les pattes. Ca faisait deux jours qu'on y était. La journée, on récupérait, on s'entraidait même pour pallier aux obstacles. Et le soir, on buvait un coup à trois, parfois même que les types du Terminus nous rejoignaient avant de rentrer à leur camp.
Le troisième jour, je rentre, j'avais trouvé l'un de ces vieux téléphones à cadran d'époque. J'étais plutôt fier de mon butin, quand j'entends un bruit de mécanique. Très vite, je comprends que les machines de l'imprimerie ont été remises en route. Je sais pas comment, un vieux générateur sans doute. Et là, j'entends des cris, les pires cris que j'ai jamais entendu. Le temps de trouver d'où ça venait, c'était déjà trop tard. L'une des machines semblaient avoir du mal à fonctionner. C'est là que j'ai vu les deux jambes qui dépassaient encore, et l'autre extrémité où s'écoulait des gerbes de sang et d'entrailles ... c'était ces gars du Colisée ... je ne sais pas ce qui a pris à l'un, ou à l'autre, une dispute, une trahison, je sais pas ... peut-être même qu'ils ne venaient même pas du Colisée en vérité et qu'ils m'avaient menti. Mais ce que je sais, c'est que l'un d'eux avait poussé l'autre dans la machine. Pourquoi ? Je ne sais pas ... mais ça le faisait rire. Son pote avec qui nous avions partagé des coups, venait de mourir d'une mort que je ne souhaiterais à personne, et ce mec, ça le faisait rire."


Il laissa un temps de silence puis reprit :

"J'ai attrapé mon sac, et je me suis cassé aussitôt, avant même qu'il ne me remarque."

Nouveau silence. Ibrahim avait les yeux froncés. Pour la première fois, il ne souriait pas et n'affichait pas son air de fêtard. Il but une gorgée de bière, comme pour faire passer l'état dans lequel il se trouvait à ce moment. Puis enfin, il dit au garçon, sans le regarder dans les yeux, comme s'il parlait seul :

"Toi aussi, t'as dû voir des trucs, dans les rues ... des trucs moches. Des trucs que tous ceux qui ne sortent jamais du camp ne se doutent pas. Ils entendent les histoires, pour sur ... mais ils ne peuvent pas comprendre. Mais si je suis dans le coin, et t'as envie d'en parler ... tu peux mec, tu peux."

Il but une gorgée et tendit sa bouteille à Lenny afin que lui aussi, il boive encore un petit coup.
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Lenny Razevitz
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyJeu 25 Jan 2024 - 1:39
Affalé dans le canapé vétuste, Lenny mangeait les biscuits secs tendus par Ibrahim avec reconnaissance. Il avait presque l'impression de les entendre faire "plouf" à chaque bouchée, puis de les sentir s'imbiber, se gonflant comme des éponges.

Ibrahim commença à lui parler. Lenny écoutait sans vraiment comprendre, hagard de tout l'alcool qu'il avait ingurgité en quantité industrielle. Une histoire de récupérateurs sans intérêt, et Lenny s'en foutait royalement, se concentrant à l’absorption des biscuits salvateurs, dernière planche de salut entre la vie et le trépas éthylique. Mais quand vint la chute de l'histoire, qui s'avéra macabre, il ouvrit des yeux ronds, soudainement captivé, mais néanmoins sans délaisser sa mastication.

" P'tain, c'trop dingue, p'tain, y a des tarés dehors...
Un silence lourd retomba. Lenny aurait certainement trouvé ce silence long et gênant, s'il n'avait pas été si éméché. Il piqua le dernier biscuit de la boîte.
- Toi aussi, t'as dû voir des trucs, dans les rues ... des trucs moches. Des trucs que tous ceux qui ne sortent jamais du camp ne se doutent pas. Ils entendent les histoires, pour sur ... mais ils ne peuvent pas comprendre. Mais si je suis dans le coin, et t'as envie d'en parler ... tu peux mec, tu peux."


Lenny digéra l'information et prit la bouteille que son ancien tourmenteur lui tendait. Il était peut-être pas si bête et infréquentable, peut-être qu'il l'avait mal jugé finalement. Ils avaient tous grandis, et le passé était dans le passé. Dans le présent, les dangers faisaient mourir ou mûrir les enfants. Il leva brusquement la bouteille, si brusquement qu'il en renversa une partie.
" A l'av'nir ! clama t-il.
Il prit une rasade, à même le goulot. Un baiser interposé, pensa t-il. Mais c'était une pensée sans importance qu'il ne verbalisa pas.

La radio avait été débranchée, et un animateur mélomane alternait quelques vieux disques sur le tourne-disque. Là, c'était un disque américain. On en trouvait moins que de disques français, mais le marché du disque avant la Grande Guerre avait été dominé, comme pour presque tout en Europe, par les États du Commonwealth, et on en trouvait quand même beaucoup. C'était une chanson triste et calme, qui accompagnait la fin de soirée, et les derniers traînards encore debout s'affairaient péniblement, au rythme de la musique lancinante et de leur taux d'alcoolémie, à remettre un peu d'ordre.



Le mélomane, Jason, qui venait de mettre le disque quitta son poste et vint s'écrouler dans le canapé à côté de Lenny, désormais pris en sandwich entre deux garçons. Esteban cuvait par terre, endormi, bave aux lèvres, Olga avait disparue un peu plus tôt dans la soirée avec Luis, et Anne fumait dehors.
" Vous en faîtes des gueules d'enterrement. Vous avez passé une bonne soirée au moins ? demanda Jazz, un surnom qui lui collait à la peau parmi les jeunes de son âge.
- Un peu OUAIS ! C'était... super... Hic... J'aurais pas cru en venant... Hic... Merde j'ai le hoc-hic !
- Ah bha tant mieux ! Vous aimez bien ce disque ?
- C'est hic pas mal pour finir la soirée. Tu l'as trouvé hic MAIS MERDE LA tu l'as trouvé où ?
- Acheté avec la trésorerie. On en a une cinquantaine !
- Cool ! Je connais un magasin qui en vend, mais c'est pas à cô-hic-té. IBRAHIM ! On devrait ouvrir un bar toi et moi !!
- Qu'est ce que tu racontes, tu sais même pas servir une bière, p'tite tête !
- Non, je m'suis emmêlé les ziiiidées - burp - nan, j'voulais dire, IBRAHIM, il faut qu'on parte ensemb' pour trouver des disques ! Avec Jazz, ça fait trois personnes que j'connais qui sont prêtes à en racheter !
- C'est pas si simple, p'tite tête
(visiblement, Jazz ne connaissait pas le nom de son voisin de banquette) Y a des disques rares, et des disques qui valent pas un clou tellement ils sont communs. Tu t'y connais bien en musique ? Y a même des disques légendaires, on sait qu'ils existent, parce qu'il y a des magazines d'avant-guerre qui parlent des sorties dans le pays, mais ils ont été écoulé à très peu d'exemplaires à l'époque."

Lenny tourna sa tête à gauche vers Ibrahim. Son regard était hagard et stupide, et cherchait l'approbation du récupérateur. Difficile de savoir s'il se souviendrait de cette conversation dans quelques heures, les paupières étaient lourdes.
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Ibrahim Meunier
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MessageSujet: Re: Nuit d'ivresse. Nuit d'ivresse. EmptyJeu 25 Jan 2024 - 12:41
Le timing était tellement parfait que l'on aurait cru que le DJ et Ibrahim s'étaient concertés avant qu'il ne vienne discuter avec Lenny. Une musique triste, mélancolique vint retentir à travers la pièce, calmant les ardeurs, rappelant à chacun le triste monde dans lequel ils vivaient. Lenny avait rendu la bouteille au rouquin, qui fit un petit signe avec pour valider la phrase du garçon, avant d'avaler une nouvelle rasade, finissant presque son contenu.

Anne s'était un peu éloignée, ne voulant pas danser seule sur une musique aussi triste. Ibrahim ne la trouva pas du regard. Un type du nom de Jazz vint s'asseoir sur le même canapé qu'eux, qui devenait trop étroit pour trois. Lenny commença à discuter avec le mélomane, intéressé par la musique et sa provenance. Ibrahim restait silencieux, les yeux perdus dans le vide, emporté par la musique. Lenny le rappela à la réalité un instant, lui brayant qu'il fallait qu'ils ouvrent un bar tous les deux. Il était totalement ivre et ne savait plus ce qu'il disait. Le rouquin lui fit un regard gentil, et lui mit sa main sur la sienne, comme s'ils étaient amis et proches depuis longtemps.

"Tout ce que tu veux mon gars."

Des promesses en l'air, de mecs bourrés, mais Ibrahim n'était pas du genre à décevoir les rêveurs. Lenny à ce moment semblait chercher son approbation, il lui offrit sans conditions. Le jeune Razevitz se reprit, ne parvenant plus à exprimer ses idées convenablement. Il ne voulait pas ouvrir un bar, mais partir à la recherche de vinyles dans les ruines de la Capitale, pour les revendra au plus offrant. Ibrahim le regarda une seconde seulement d'un air grave. A nouveau, c'étaient là des conversations de bourrés. Combien de mecs, inspirés par son rôle, lui avait fait savoir qu'ils viendraient avec lui à son prochain départ. Il en avait perdu le compte à vrai dire. Mais jamais personne ne lui en reparlait ensuite. Une fois retrouvés leurs esprits, ils avaient oublié leur folle ambition, ou cherchaient à faire comme si elle n'avait jamais existé. Quitter les murs de la Communauté ? Il fallait être fou, ou totalement ivre.

Anne était là, revenue dans la foule, à pas lents, presque triste. Elle était belle, flottant ainsi parmi les notes envoutantes, semblant être la seule figure humaine parmi les rares ombres des danseurs autour d'elle. Ibrahim fit deux petites tapes amicales sur l'épaule de Lenny, manière à lui de dire au revoir. Il ne décrochait plus ses yeux d'Anne qui, tel un reflet, ne le quittait plus du regard également.

"Je repars dans deux jours au petit matin."

Si Lenny se souvenait de sa conversation, Ibrahim lui offrait un ticket pour l'accompagner. Le récupérateur se leva alors, se sentant happé par la musique. Il se rapprocha d'Anne et ils se mirent à danser tous les deux, lentement, et tendrement. Ne faisant plus qu'un à cet instant, ils disparurent peu à peu parmi les danseurs, enveloppés par l'obscurité de la pièce et la mélancolie régnante. Lenny ne les revit plus de la soirée, le couple s'étant à son tour discrètement éclipsé pour profiter de leur intimité.

Hrp : Pour moi, c'est tout bon pour ce RP ;).
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Nuit d'ivresse.
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